* Avec cette contrainte d'imprimer avant le Ftour, les quotidiens voient leur rythme de travail s'accélérer durant le mois de Ramadan. * La plupart des journalistes soulèvent le problème de rareté des évènements durant ce mois, ainsi que la difficulté de toucher des intervenants. Si pour certains le mois de Ramadan rime avec oisiveté et fainéantise, dans le domaine de la presse le mois sacré est davantage synonyme de plus d'heures de travail, de délais réduits et d'une raréfaction d'actualité intéressante. Mais c'est surtout du côté des quotidiens que le changement se fait sentir. Du côté d'Ecomédia, le PDG du Groupe, Abdelamounaïm Dilami, affirme que ce mois est accompagné par un changement complet du rythme de travail. « Il faut boucler plus tôt que la normale, entre midi et 13 h, pour pouvoir imprimer avant le ftour et s'assurer que le journal sera dans les kiosques après le ftour à Casablanca et à Rabat. Pour boucler le journal à temps, une partie des journalistes travaille le soir pour préparer les articles et accélérer la cadence», explique Dilami. Il affirme que durant ce mois l'activité ralentit, la journée de travail est courte, il y a donc de moins en moins de capacité à produire des événements, ce qui explique la rareté de l'information. Quant au traitement des sujets, certains journaux créent des produits spécifiques pour le Ramadan comme les cahiers ou les suppléments, mais pour l'Economiste ou Assabah, ce n'est pas vraiment le cas. Il assure par ailleurs que les gens lisent de plus en plus de journaux durant ce mois, ce qui impacte positivement le volume des ventes. Du côté d'Al Ahdath, Mohamed El Brini, directeur de publication, pense que cette tendance de lecture intense durant le mois de Ramadan n'est pas régulière, mais dépend plutôt de facteurs sociaux et économiques. «Pour l'évolution des ventes, cela dépend des années. Il y a 4 ou 5 ans, la lecture de la presse durant ce mois enregistrait une hausse. Mais ce n'est pas forcément une tendance régulière. Pour cette année, il est difficile de déceler la tendance; il faut attendre la fin du mois pour établir un bilan», souligne-t-il. Une chose est sûre, le Ramadan impose un autre rythme de travail plus contraignant pour la Rédaction à cause de la distribution. « En effet, les journalistes travaillent au rythme d'un journal du soir puisque le journal doit être distribué avant le Ftour au niveau de Casablanca et de Rabat et le plus tôt possible pour les autres villes», poursuit-il. Il soulève aussi cette difficulté d'accéder à l'information, expliquant que c'est une tendance générale, qu'il s'agisse de Ramadan ou pas. Comme la plupart des journaux, surtout quotidiens, Al-Ahdath consacre un supplément Ramadan. « Des cahiers que les journalistes peuvent préparer à l'avance puisque ces cahiers sont composés d'articles, de dossiers, de portraits, de réflexions et aussi de sujets en rapport ou sans avec le Ramadan», explique Mohamed Brini; «Toujours est-il que c'est l'actualité qui impose la Une ». Du côté des journalistes, on apprend que le rythme est un peu plus élevé durant le Ramadan comme l'affirme Hajar Dehhani, journaliste à Aujourd'hui le Maroc. «On ne travaille pas plus, mais on subit juste le réaménagement des horaires plus corsés puisqu'il faut travailler le jour et le soir pour boucler dans les délais». Elle assure que le rendement est le même que pour les autres mois de l'année et que de toute façon, les Pages Ramadan sont une bonne alternative puisqu'elles permettent d'alléger les autres pages et en même temps proposer des sujets moins corsés pour divertir le lectorat. Elle révèle que durant ce mois, il est plus difficile de toucher les sources d'informations. Tahar Abou El Farah, journaliste et correspondant du quotidien Libération à Tanger, quant à lui, trouve le rythme de travail normal si ce n'est un peu les horaires qui changent puisque selon le type de papier, il y a cette obligation de travailler quelquefois après le Ftour. Avec plusieurs années dans le domaine de la presse, il a fini par apprendre les habitudes des intervenants. «Il y a un réaménagement des horaires à faire pour les rendez-vous ; sinon, il n'y a pas de grand chamboulement », confie-t-il. Par ailleurs, il n'a pas de préférence particulière pour des sujets en relation avec le mois sacré, mais préfère plutôt traiter des sujets d'actualité. Les hebdos jouissent de plus de souplesse Du côté des hebdos, la pression des délais de bouclage est moindre. Mais c'est pratiquement le même problème de manque d'actualités et d'événements durant ce mois qu'on peut relever de part et d'autre. Nadia Benyouref, journaliste à La Vérité, juge que l'actualité est très pauvre durant ce mois, ce qui fait que le journaliste doit « creuser » pour trouver des sujets intéressants à traiter. Ce qui implique de recourir à des intervenants extérieurs. Ce qui n'est pas une tâche facile durant ce mois. «Il faut appeler les gens le matin, pas trop tôt mais le plus vite possible, car au-delà de 13 heures, il devient difficile de les toucher», nous confie-t-elle. Durant le mois de Ramadan, elle a une nette préférence pour les thèmes liés au management. Le mois de Ramadan, elle l'apprécie beaucoup. Elle attaque sa journée avec dynamisme le matin et profite de cette continuité de la journée de travail pour finir ce qu'elle a commencé. Pour elle, le rendement est le même que pour le restant de l'année. Chez Le Reporter, Brahim Mokhliss, journaliste, explique que le rythme devient un peu plus lent que d'habitude. Parce que les uns sont en manque de cigarettes, d'autres sont des habitués de café, de thé Cependant, le rendement est le même. « On essaye de se rattraper après le ftour, soit au bureau, soit à la maison. Durant la journée, on a un mal de tête qui ne facilite pas la concentration et il en est de même après le ftour parce qu'on a trop mangé. C'est la réalité», confie-t-il. La tâche n'est pas facilitée par les intervenants ou les personnes à interviewer. «Evidemment parce que tout le monde a son agenda chamboulé et la journée est plus courte. Les gens entrent en retard et sortent plus tôt ; et ils sont souvent en dehors de leur bureau. Quant à l'information, elle devient une denrée rare durant le mois de Ramadan. Il faut donc faire un effort supplémentaire pour avoir des infos», souligne Mokhliss. Quant à la pertinence des thèmes à traiter durant ce mois, Brahim Mokhliss souligne qu'à l'exception des sujets qui collent à l'actualité, les autres sujets doivent être en relation avec le Ramadan : des reportages, des enquêtes attrayantes qui plaisent aux lecteurs. «Parce que le lecteur est exigeant et aime lire des articles légers», conclut-il.