Mardi, huit militaires et deux civils armés ont été tués lors d'une attaque menée par un important groupe islamiste dans l'Ouest après que, la veille, un berger a encore été assassiné près de Chlef. Mardi, à Sidi Medjaded près de Miliana, une localité située à 120 km à l'Ouest d'Alger, un contingent de militaires accompagnés de plusieurs patriotes (civils armés par le pouvoir) est tombé dans une nouvelle embuscade tendue par un groupe islamiste armé, composé de pas moins de «200 éléments» selon le quotidien Le Matin qui citait mercredi des sources sécuritaires. Le quotidien algérois précisait d'ailleurs que le nombre de victimes pourrait être plus élevé, plusieurs patriotes ayant été portés disparus. Cette attaque, comme la plupart des embuscades organisées, a été menée dans un secteur montagneux et difficile d'accès – «les Monts du Zaccar», précisait Le Matin – où il est plus facile de surprendre les forces sécuritaires et de les encercler. Elle a pu être menée par le Groupe Islamique Armé lui-même, actif dans tout l'ouest algérien, ou par l'un de ses dissidents, le Groupe salafiste pour le djihad (GSD) d'Abdelkader Souane, dit Abou Thamana. Ces mêmes éléments qui ont aussi assassiné lundi soir un jeune berger de 19 ans près d'El Marsa, dans la wilaya de Chlef. «La victime, qui faisait paître son troupeau (...) était en compagnie de quatre autres bergers » ,eux sortis indemnes, précisait Le Matin. Si le nombre de 200 attaquants lors de l'embuscade de mardi était confirmé, il remettrait sérieusement en cause les récentes estimations données par un haut responsable militaire. Le général Maïza avait annoncé fin octobre que 600 à 650 islamistes armés subsistaient dans les maquis contre 27.000 en 1992. Il avait aussi précisé que le GIA et le GSD comptaient chacun une soixantaine de membres ! Cette dernière embuscade illustre par contre les commentaires donnés ces dernières semaines par la presse algérienne et qui faisaient état du nombre croissant d'attaques envers les militaires, gardes communaux et autres agents de sécurité. Quelque soit le groupe armé. Neuf soldats avaient ainsi été tués et 12 autres blessés le 23 novembre dernier, dans une opération similaire menée cette fois-ci par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, dissident du GIA, dans la région de Tizi-Ouzou, en Kabylie. Le GSPC oeuvrant en effet particulièrement dans l'Est, zone où les forces de l'ordre ont d'ailleurs mené mardi une nouvelle opération de ratissage après la découverte, dimanche, de 13 bombes artisanales prêtes à l'explosion dans le maquis de Takhoukht, non loin de Tizi-Ouzou. Selon le Jeune Indépendant de mercredi, elles avaient aussi désamorcé lundi un autre engin sur une voie ferrée, près de Bouira. A l'aide de quatre hélicoptères et relayés à par le pilonnage de mortiers D.30, les militaires ont intensifié mardi leurs bombardements et ont détruit au moins trois casemates, toujours selon le Jeune Indépendant. Lequel rapportait aussi que plus de 164 familles avaient abandonné «ces derniers temps» leurs maisons par peur des attaques islamistes dans la région d'Annaba, à l'extrémité est du pays. Ces dernières violences sont intervenues au moment de la visite du ministre français des affaires étrangères à Alger. Mardi, Dominique de Villepin a signifié que la France étudierait au cas par cas les demandes de livraison d'armes à l'Algérie, sans vouloir se prononcer sur une future levée de l'embargo comme viennent de le faire les Etats-Unis. Des armes qui, selon les Algériens, leur permettraient pourtant de mieux lutter contre le terrorisme.