Militant associatif installé depuis 17 ans en France, Mehdi Rachidi est le président de l'association «Victimes de Driss Basri ». S'exprimant au nom du collectif des associations marocaines qui représentent tout l'Ouest de la France, il annonce que son association poursuivra en justice l'ancien ministre de l'Intérieur, même en Espagne. ALM : Quel est l'objectif de la lettre ouverte que vous venez d'adresser à l'ancien ministre de l'Intérieur, Driss Basri ? Mehdi Rachidi : Le collectif est constitué de dix-huit associations marocaines de France. Elles représentent tout l'ouest de la France. Parmi elles, figurent des personnes physiques comme morales qui, au Maroc, ont eu affaire à Driss Basri, du temps où il était ministre de l'Intérieur, et ont subi les affres de sa gestion qui n'a profité qu'à sa petite personne et aux siens. Notre lettre ouverte à l'ancien homme fort de l'Intérieur est l'expression de notre ras-le-bol quant à son attitude, aussi vaine que provocatrice, à l'égard de tous les Marocains. Votre réaction intervient un peu tardivement. Pourquoi avoir attendu tout ce temps, Driss Basri étant installé en France depuis des années, avant de demander qu'il parte ? Le fait qu'il s'installe en France nous a été insupportable, depuis le premier jour. D'autant qu'il a longtemps hésité avant d'élire définitivement domicile à Paris. Un séjour que nous avons mise sur le compte des relations exemplaires entre le Maroc et la France et l'amour que les Français, portent à notre pays. Mais nous avons d'emblée demandé au président de la République, au Premier ministre français et à l'Assemblée nationale que Driss Basri devait rester à l'écart et se contenter de savourer sa retraite dorée. Mais ce dernier n'a pu s'empêcher de s'agiter dans tous les sens, pour faire savoir qu'il existe toujours. A ses sorties médiatiques pitoyables sont venues s'ajouter des déclarations suspectes sur plus d'un sujet de la plus haute importance pour le Maroc. Certains vont plus loin en demandant que Driss Basri rende des comptes. Qu'en pensez-vous? Le collectif est divisé en deux groupes. Le premier milite pour que Driss Basri soit chassé de France. Le deuxième veut aller plus loin en cherchant à le poursuivre en Justice et lui demander de rendre des comptes quant à la gestion contestable dont le pays, des décennies durant, a fait les frais à cause de lui et des ses complices. Personnellement, je fais partie de cette deuxième catégorie. On ne peut pas laisser ceux qui ont spolié le Maroc, obligeant beaucoup de personnes à tout quitter pour échapper à leur joug, continuer librement et dans une scandaleuse impunité à porter atteinte au pays et à ses citoyens. Nous avons dans ce sens entamé nos contacts avec Maître Henri Leclerc, le célèbre avocat et président de la Ligue des droits de l'Homme, afin de trouver les moyens de porter l'affaire devant la justice. Concrètement, que reprochez-vous à l'ancien ministre ? Pendant ses plus de 40 ans de pouvoir absolu, cet homme a eu à prendre en charge plusieurs dossiers stratégiques. Qu'est-ce qu'il en a tiré ? Rien, si ce n'est son profit personnel. Lui qui dit à qui veut l'entendre qu'il est fauché, n'a-t-il pas déclaré à un de ses proches que sa fortune s'élevait à plus de 500 millions de dollars? Sinon, grâce à quoi mène-t-il sa vie de vizir désoeuvré ? Et qu'en est-il du dossier du Sahara marocain, qu'il qualifie maintenant d'occidental? N'était-ce pas lui qui en était le gestionnaire, et avec quel résultat si ce n'est la persistance d'un conflit qu'il n'a fait que compliquer davantage? Et qu'en est-il de ces milliers de victimes qu'il a entraînées dans le long sillage des infractions de tout genre qu'il a commises, lui qui persiste à nier que les années de plomb n'ont jamais existé? N'était-ce pas lui le tortionnaire en chef ? N'est-ce pas lui qui a cassé tout projet économique qui risquait de compromettre son monopole dans bien des secteurs? Qui, à part lui, a privé plusieurs personnes de valeur de leur liberté, allant même jusqu'à leur confisquer leur passeport ? Souvenons-nous du très grand écrivain Mohamed Kheïr-Eddine, que Basri a attiré au Maroc pour ensuite le laisser sans passeport, vivant comme un clochard jusqu'à sa mort. Maintenant que cherche-t-il derrière ses agissements profitant en cela de l'amitié entre deux pays et abusant, encore une fois, de la confiance qui a été placée en lui, si ce n'est défendre son patrimoine et son de fils milliardaire avec l'argent du peuple maricain ? Basri se débat, comme se débat une marionnette sans marionnettiste. M. Basri aurait actuellement quitté la France et élu domicile en Espagne. Que comptez-vous faire ? Et quelles sources vous soutiendront dans vos démarches ? C'est aussi ce que nous avons entendu. Mais nous ne baisserons pas les bras. Nous irons jusqu'au bout, de l'organisation de manifestations jusqu'au recours à la Justice. Et même s'il est parti en Espagne, nous le suivrons là-bas et le poursuivrons en justice. Notre action est aussi libre que responsable, nous ne sommes téléguidés par aucune partie. L'Etat marocain n'a rien à voir avec notre action. Pensez-vous que Driss Basri représente une menace sérieuse, quant à la stabilité du pays ? Driss Basri n'a jamais rien été et ne sera jamais rien. Ce qu'il a fait auparavant relevait du despotisme. Ce qu'il fait actuellement relève de la trahison. Sinon, pourquoi flirte-t-il à ce point avec l'Algérie ? Autrement, personne ne peut avoir peur de Basri. Ce qu'il menace de dévoiler comme secrets se retournerait contre lui puisque cela révélera son immense responsabilité dans les problèmes actuels du Maroc.