Pressé de quitter la France, Driss Basri a pris le chemin de l'Espagne. L'ex-ministre de l'Intérieur a entrepris les démarches officielles pour la création d'une entreprise de médias à Madrid et cherche à acquérir une villa à Marbella. L'ex-ministre d'Etat à l'Intérieur, Driss Basri, est, depuis quelques jours, en Espagne, où il envisage de s'installer définitivement. Résidant provisoirement à Madrid, M. Basri a entrepris des démarches officielles pour créer une entreprise de médias dans la capitale espagnole. Pour ce faire, il a déposé les fonds nécessaires dans une banque madrilène et a chargé une "Gestoria" (agence spécialisée dans l'accomplissement des formalités administratives) de procéder à la création de ladite société et du dépôt d'une demande de séjour officiel dans la capitale espagnole. La demande de séjour a été formulée par l'ex-ministre de l'Intérieur en tant qu'investisseur et ce conformément à la loi espagnole sur l'immigration qui accorde automatiquement la carte de résidant à toute personne qui désire investir en terre ibérique. La seule condition posée par la législation espagnole en vigueur est que la personne concernée puisse justifier que le montant de l'investissement a été déposé dans une banque locale et qu'il a été légalement introduit en Espagne. Ce qui signifie que l'ex-ministre dispose de l'argent nécessaire pour justifier sa demande d'une carte de résidence officielle en Espagne. Ce qui revient aussi à dire que l'intéressé n'est pas désargenté comme il a prétendu. Loin de là. Mais, si M. Basri a choisi de créer son entreprise de presse à Madrid, cela ne signifie pas qu'il envisage de s'installer dans la capitale espagnole. Pour sa résidence, l'ex-ministre d'Etat a opté pour la Costa Del Sol. Il y a quelques jours, l'un de ses proches collaborateurs s'était déplacé à Marbella où il a entrepris des contacts avec des agences immobilières de la ville pour trouver une villa à son patron. La seule condition posée par l'agent de M. Basri est que la future résidence de l'ex-ministre de l'Intérieur soit à proximité de la plage et qu'elle soit au milieu du quartier luxueux de "Milla de Oro". Un quartier où résident généralement le gotha des affaires venus du monde entier. C'est dire que l'ex-ministre d'Etat choisit bien ses voisins et son entourage. Ainsi, après avoir déclaré dans une interview qu'il avait accordée, il y a quelques semaines, à la chaîne de télévision américaine "Al Hurra", qu'il n'était pas satisfait de son appartement parisien sis au XVIe arrondissement et que, vu son passé "au service du Maroc", l'Etat marocain aurait dû mettre à sa disposition une résidence à "Saint Cloud, Saint Germain ou Versailles", l'ex-ministre de l'Intérieur a, semble-t-il, décidé de s'offrir lui-même, la maison qu'il "mérite". C'est ce qui pourrait expliquer sa décision soudaine de quitter Paris et de s'installer en Espagne. Mais, la vérité est que M. Basri a été poussé à quitter la France après avoir fait l'objet de pressions de la part de la société civile franco-marocaine qui vient de démarrer une campagne médiatique contre le séjour de l'ex-ministre dans la capitale française. "La France n'a pas besoin de femme de ménage", lit-on dans une lettre ouverte adressée à l'ex-ministre par le président de l'association "Victimes de Driss Basri", Mehdi Rachidi, au nom du collectif des associations marocaines de France Ouest. Ce collectif composé de dix-huit associations a décidé de poursuivre Driss Basri en justice, estimant avoir "subi les affres de sa gestion qui n'a profité qu'à sa petite personne et aux siens du temps où il était ministre de l'Intérieur". Dans l'interview accordée à ALM (voir page 5), le président de cette association affirme que le collectif dont il fait partie a déjà "entamé des contacts avec Maître Henri Leclerc", l'un des plus célèbres avocats du Barreau de Paris et président de la Ligue des droits de l'Homme, "afin d'étudier les moyens de porter l'affaire devant la justice". En fait, il ne s'agit pas de l'unique voix qui s'élève contre le séjour de l'ex-ministre de l'Intérieur en France. Depuis qu'il avait choisi de s'installer dans la capitale française, plusieurs associations militant pour les droits de l'Homme ont appelé à ce que les autorités françaises ne lui accordent pas de carte de séjour et ont appelé à ce qu'il soit poursuivi pour tous les abus qu'il aurait commis pendant les trois décennies qu'il a passées à la tête du ministère de l'Intérieur. C'est ce qui explique d'ailleurs que les autorités françaises ne lui ont jamais accordé de carte de résidant et que son séjour à Paris était juste "toléré" par les pouvoirs publics qui se sont juste contentés de fermer les yeux quant à son séjour illégal à Paris. Une tolérance qui serait arrivée aux limites du tolérable lorsque M. Basri a commencé sa campagne médiatique contre les pouvoirs publics marocains poussant ainsi l'Etat français à lui faire comprendre que sa présence en France n'était plus la bienvenue et qu'il devait choisir une nouvelle destination. Il opta alors pour l'Espagne. Un pays où il ne pourra pas non plus échapper aux militants des droits de l'Homme qui poursuivront leur campagne contre lui, même en Espagne. "Nous irons jusqu'au bout, dans l'organisation de manifestations" et "même s'il est parti en Espagne, nous le suivrons là-bas et le poursuivrons", affirme le président de l'association "Victimes de Driss Basri".