Grand admirateur de Mohammed V auquel il a dédié un livre intitulé " Mohammed V et les juifs du Maroc" sorti chez Plon en 1997 et traduit en arabe par Sochepress, Robert Assaraf nous commente la signification de l'inauguration de la place Mohammed V à Paris vendredi 20 décembre. Aujourd'hui Le Maroc : Quel est d'après le sens de l'inauguration, le 20 décembre 2002, de la Place Mohammed V à Paris ? Robert Assaraf : d'abord, il convient de rappeler que cette initiative a été celle d'un certain nombre de personnalités originaires du Maroc, regroupées dans une association lancée à Paris en 1997 et baptisée Mohammed V. Objectif : honorer par ce geste la mémoire de Mohammed V qui a été fait compagnon de libération en 1945 par le général Charles De Gaulle. Outre moi-même, cette association compte deux autres membres, le docteur Georges Berdugo, natif de Lyon, mais dont les parents sont de Meknès et Maurice Arama, peintre qui est né dans la même ville marocaine. Dédier une place parisienne à Mohammed V est un moment fort chargé d'histoire et un vibrant hommage à un grand homme . Le Roi du Maroc avait eu le courage d'accueillir à Casablanca, lors de la conférence d'Anfa, les alliés de l'époque, à savoir le général De Gaulle, le président américain Roosevelt et son homologue britannique Churchill. Le Maroc avait participé directement à la guerre des alliés en envoyant 10.000 combattants aussi bien en France et en Italie. C'est pour avoir participé à la victoire contre le nazisme que MohammedV était le seul chef d'État étranger a être fait compagnon de libération dès la fin de la deuxième Guerre Mondiale. Ce geste de reconnaissance n'est-il pas venu un peu tard ? Il n'est jamais trop tard pour rendre hommage à ceux qui le méritent. Outre le soutien apporté aux alliés lors de la Deuxième Guerre mondiale, Mohammed V a eu aussi le courage de protéger les Juifs du Maroc contre le Régime de Vichy entre 1940 et 1942. C'est un acte très fort et un rôle héroïque de ce Grand Roi qu'il faut de nouveau saluer et mettre en exergue. Un Grand Roi que le judaïsme marocain a nommé d'ailleurs “un Juste des Nations“. Dès son retour de l'exil de Madagascar, Mohammed V, qui fut accueilli avec ferveur par presque l'ensemble de la communauté juive, a dit que tous les citoyens marocains, au-delà de leur confession, sont égaux. Cette déclaration a été accompagnée par une initiative concrète : la nomination dans le premier gouvernement du Maroc indépendant de 1956 du docteur Léon Benzaken comme ministre des PTT. L'œuvre de Mohammed V fut ensuite poursuivie par Hassan II nonobstant les facteurs extérieurs qui ont quelque peu déstabilisé la société marocaine.