Les secteurs industriels qui utilisent le sucre comme matière première sont lésés à cause de son prix. Face à la déferlante des produits importés, notamment de Turquie, ces industries font face à une concurrence en quelque sorte déloyale. Industries des boissons sucrées gazeuses et non gazeuses, chocolateries, biscuiteries, confiseries, conserveries de fruits, industries de dérivés de lait, industries de crèmes glacées et pâtisseries industrielles sont confrontées à une concurrence sans pitié. Matière essentielle de toutes ces industries, le sucre connaît depuis plusieurs années une intervention étatique, consistant en sa subvention. Une subvention qui était censée protéger le consommateur et les industriels, mais aussi de garantir la pérennité de la filière sucrière marocaine. Cependant, les entreprises sont dans l'obligation de restituer la somme de 2.000 DH pour chaque tonne de sucre utilisée. Ne se situant plus sous «l'aile» protectrice de la compensation, les entreprises souffrent, de surcroît, de la déferlante de produits à des prix hautement compétitifs. Cet état de fait a pour origine le chamboulement du calendrier de la mise à niveau du secteur. Devant être effective à partir de 2012, la levée des droits de douane sur certains produits turcs a été anticipée. Résultat, des produits de bonne qualité commencent à inonder le marché marocain, à des prix dépassant la logique de fabrication locale. La raison en est, tout simplement, le prix exorbitant du sucre dont les industries en question doivent s'acquitter. Sur le marché international, le prix du sucre est d'environ 2 DH le kilo, alors que les industriels marocains trinquent en le payant près de 6 DH le kilo. Une situation qui les expose dangereusement, les mettant dans une situation de faiblesse, car, dans l'incapacité d'aligner le prix de leurs produits sur celui des produits importés. Cela est d'autant dangereux car c'est leur existence même qui est menacée. La subvention actuelle du sucre est encore basée sur une protection aux frontières, qui garantit un prix minimum à l'agriculteur marocain et qui protège les industriels locaux, Cosumar en tête, des importations des produits finis. La libéralisation du secteur s'avère, dans pareil cas, salutaire. En dépit des conséquences que cela pourrait avoir, si elle se fait de manière brutale, les avantages à en tirer sont nombreux. En effet, la libéralisation du secteur signera l'arrêt de mort de l'industrie sucrière marocaine, car celle-ci n'a nullement les moyens de faire face à la concurrence étrangère, dont la qualité des produits n'a d'égal que l'accessibilité des prix. La libéralisation de l'importation du sucre profitera aussi bien au consommateur qu'à l'industriel marocain. Pour le consommateur marocain, qui est doublement lésé, aussi bien par un faible pouvoir d'achat que par un coût de la vie en hausse constante, le profit se situera tant sur le sucre à l'état brut que sur les produits finis. Cependant, les observateurs préconisent une libéralisation en douceur, au risque d'entraîner des dégâts collatéraux à caractère social, allusion faite aux postes d'emploi que garantit la filière sucrière marocaine.