L'élargissement de l'Union européenne et l'instauration de la monnaie unique depuis une année vont peser sur les économies des pays maghrébins. D'autant plus que ces derniers affrontent cette situation en ordre dispersé par les aléas de la politique qui cloue l'UMA au pilori. L'instauration de la monnaie unique au sein de l'Union européenne depuis une année et son élargissement à plusieurs pays, récemment à Copenhague, n'est pas sans impact sur les pays du Maghreb qui agissent en ordre dispersé. Déjà la constitution de l'Europe à douze avait grevé les économies maghrébines par les restrictions douanières et les mesures protectionnistes en matière d'exportation. Depuis que l'UE est passée à quinze, les exportations des produits agricoles, textiles et autres du Maroc et de la Tunisie connaissent de plus en plus de difficultés à percer sur le marché européen. Certes la concurrence devient de plus en plus rude avec l'entrée en force des produits concurrents des pays de l'Asie dits les dragons. Mais les plus grosses entraves qui ont rétréci le volume des exportations de ces deux pays proviennent plutôt de l'intérieur de l'UE qui privilégie les produits des nouveaux membres. D'autant que la pression constante, voire parfois violente, des associations de producteurs, syndicats et autres associations professionnelles influe grandement sur les décisions des gouvernements. Les produits marocains, notamment les camions transportant la tomate ou le poisson, n'ont-ils pas été saccagés à maintes reprises par les agriculteurs et les pêcheurs espagnols ? Le Maroc aurait eu, comme la Tunisie ou l'Algérie, plus de force à contrecarrer les restrictions européennes si les trois pays avaient marché d'une manière ordonnée au sein de l'UMA. Mais autant le Maroc que la Tunisie ont signé leurs accords de partenariat avec l'UE d'une manière individuelle perdant ainsi plusieurs points. L'équation est pourtant facile quand on sait que le rapport de force entre un pays maghrébin et quinze pays européens réunis est trop lourd. Mais il est plus qu'évident que si les mécanismes de l'UMA étaient vivants, les négociations avec l'UE auraient été conclues dans une position de force plus bénéfique pour les cinq pays membres qu'elles ne l'ont été en ordre dispersé. Mais la réalité de cette région est si amère aujourd'hui que les volumes d'échanges entre les cinq pays restent dérisoires. Pourtant leurs économies sont très complémentaires pour qu'une unité réelle ne puisse pas générer un développement économique considérable de toute la région. Une région qui compte près de soixante millions d'habitants mais dont le sol contient beaucoup de pétrole, de phosphate, de fer, de ressources halieutiques et autres doit nécessairement être prospère. Mais les aléas de la politique en ont décidé autrement pour tuer l'espoir de l'union maghrébine dans l'œuf d'une portion du Sahara marocain. Ce conflit a tout bloqué dans la région aux dépens de toute sa population alors que l'Algérie pouvait bien avoir un accès à l'Atlantique par la force de l'union et non pas par celle de la guerre. Dans cette aventure, tout le monde est perdant y compris l'Algérie qui trouve du mal à signer un accord euro-mediterranéen pour des raisons internes et externes. Cet accord avec l'Europe qui devait être signé en 2001traine encore sur la table des négociations et bute essentiellement sur la situation en Algérie. Plusieurs associations de droits de l'Homme ont demandé au Parlement européen de surseoir à la signature de cet accord si l'Algérie ne remplit pas toutes les conditions requises. Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l'Homme et autres exigeant notamment le respect des droits de l'Homme dans la lutte contre le terrorisme, la fin de l'Etat d'urgence, le règlement du dossier des disparitions et celui de la Kabylie. Ce qui n'est pas une sinécure pour un pays ravagé par une guerre civile qui ne dit pas son nom et qui a fait des milliers de victimes innocents. L'Algérie a besoin de ses partenaires maghrebins pour sortir de ce bourbier tout comme le Maroc , la Tunisie et les autres pays ont besoin d'une Algérie pacifiée et prospère. Il suffit de le vouloir pour aborder le véritable problème du Maghreb qui ne peut affronter la mondialisation et l'élargissement de l'europium sans une harmonisation totale de leur stratégie politique, économique et sociale au sein de l'UMA.