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Union Economique et Monétaire
Publié dans Finances news le 26 - 10 - 2000

Quelques mois avant l'introduction effective de l'euro, l'opposition des opinions reste encore tranchée quand bien même tout le monde s'accorde à dire que la monnaie unique offrira une lecture plus aisée de la sphère monétaire européenne. Pendant que la
L'Europe est en passe de vivre ce qu'il convient bien d'appeler, toute raison gardée, un « eurobug ». Dans pratiquement 15 mois, la monnaie unique sera effectivement mise en circulation. A Bruxelles, où la presse maghrébine a été conviée par le Centre Européen de Journalisme pour un « Séminaire d'information sur l'UEM », la Commission Européenne aborde sereinement cette dernière ligne droite. Ultime phase de la concrétisation du projet d'Union Economique et Monétaire (UEM), l'euro suscite encore des débats. Ce n'est certes pas la cacophonie qui a entouré le bug 2000, mais on n'en est pas loin. Pour mieux en cerner tous les artifices, il convient de recontextualiser les choses en jetant un léger coup d'œil dans le rétroviseur.
Emise maintenant depuis plus de deux décennies, l'idée d'une monnaie unique est apparue comme le corollaire nécessaire à la réalisation du marché unique et la libéralisation complète des mouvements de capitaux au sein de la Communauté européenne. C'est ainsi que l'UEM a été consacrée institutionnellement par le traité de Maastricht. Comme son nom l'indique, l'Union est donc non seulement économique, mais également monétaire. Aurait-on pu d'ailleurs parachever la mise en place d'une puissance économique européenne tout en occultant le volet monétaire ? A cette interrogation, les observateurs répondent unanimement par la négative. Car les piliers d'un véritable marché intérieur de biens et services au sein duquel le coût des transactions, des investissements et des financements serait soumis aux fluctuations monétaires incessantes, auraient été pour le moins fragiles. En se référant aux années 1992 et 1993, période au cours de laquelle les perturbations des mécanismes de change ont entraîné une forte dépréciation de la lire italienne, on se convainc facilement de cette démarche dont les enjeux sont multiples : il fallait non seulement lever les incertitudes liées à l'instabilité des taux de change, mais aussi donner à l'Europe une légitimité et une crédibilité autrement plus importante sur la scène économique et monétaire internationale. Car devant l'envolée fulgurante du dollar américain, sous le regard impuissant du yen et du deutschmark, seule une monnaie unique pouvait vraisemblablement faire contrepoids et permettre à l'Europe, en quête de reconnaissance, de peser sur la sphère internationale.
Force est de constater cependant que ce n'est pas encore le cas, au regard notamment de la dépréciation continuelle de l'euro face au dollar, qui a valu à la Banque Centrale Européenne, dont la politique est aujourd'hui pointée du doigt par les milieux financiers, une véritable volée de bois vert. Et pour cause, ses deux précédentes interventions sur le marché monétaire pour soutenir l'euro se sont soldées par des échecs. Contrairement à l'euphorie qui a marqué son avènement, la monnaie unique suscite désormais suspicion et méfiance.
Toutefois, même si du côté américain on se réjouit de la domination du dollar, il n'en reste pas moins vrai que l'on surveille avec intérêt la construction européenne, d'autant qu'un euro trop faible ne fait évidemment pas l'affaire des entreprises exportatrices américaines.
Contraintes techniques et financières
Comme l'a souligné Albert Maes, ancien chef de Délégation de la Commission européenne, « le passage à l'euro représente une transformation considérable du paysage monétaire européen et implique un coût d'adaptation relativement élevé, tant au plan financier qu'à celui des comportements et des habitudes du grand public ».
Il n'y aura certes pas de big-bang : le passage à la monnaie unique se fera de manière progressive. A partir du 1er janvier 2002, la double circulation va prévaloir : les pièces et billets en euros (14,5 Mds) et en monnaies nationales (qui seront retirées progressivement) circuleront parallèlement durant trois mois. Ce qui implique tant la tenue d'une double comptabilité qu'une gestion informatique plus complexe, donc des coûts plus élevés, notamment pour les commerces. Et la grande distribution s'en plaint, arguant que l'avant-euro, tout comme la phase de transition, sont synonymes de pertes financières substantielles. Chez les consommateurs, c'est le même son de cloche. Les inquiétudes avancées vont de la difficulté à reconnaître la hausse des prix en estimant la valeur de leur monnaie à la nécessité d'être exonérés des frais de conversion. Selon le Bureau Européen des Unions des Consommateurs, les banques devraient en effet prendre à leur charge tous les frais de conversion. Il est apparu, à cet égard, que pour de petits montants « cela coûte moins cher de convertir son argent en francs suisses ou en dollars américains ». De même, pour les paiements transfrontaliers, les consommateurs font face à des frais jugés excessifs : pour 100 euros, les frais dépassent en moyenne 17 euros. Aussi estiment-ils que « les virements bancaires et autres moyens de paiements en euros dans la zone euro devraient avoir un coût identique à celui engendré par des transferts nationaux ». Auront-ils gain de cause ? Peu sûr, d'autant que pour l'instant ils se heurtent à un mur de silence.
Quoi qu'il en soit, même si aujourd'hui tout ne semble guère être au point, vu les revendications des uns et des autres, de l'avis des économistes, les avantages qui découleront de la monnaie unique justifient largement les lacunes d'aujourd'hui. Le traité a eu le mérite d'exister quand bien même il reste amplement perfectible.
Pour d'aucuns, la pérennité d'une Europe monétaire sous-tend la construction d'une Europe politique. Pour d'autres, l'Union Economique et Monétaire reste circonscrite dans un cadre bien précis : la consolidation du marché unique via l'instauration d'une zone de stabilité monétaire dont la viabilité dépendra d'une coordination scrupuleuse des diverses politiques macro-économiques des pays membres, à défaut d'une véritable organisation de dimension européenne. Et c'est là la difficulté principale de cette union monétaire : faire en sorte que les mécanismes de concertation des politiques budgétaires soient en parfaite cohérence avec la politique monétaire. Y parviendra-t-on quand on sait que le traité de Maastricht a défini comme objectif principal la stabilité des prix ( avec un taux d'inflation de 2%) alors que le taux d'inflation dans la zone euro est actuellement en hausse à 2,8% ? L'échec ne sera en tout cas pas toléré…
Encadré
Les relations entre la BCE et les BCN
Le Système Européen de Banque Centrale (SEBC) fixe le cadre de la coopération entre la Banque Centrale Européenne (BCE) et les Banques Centrales Nationales (BCN). La définition de la politique monétaire ainsi que les grandes décisions opérationnelles sont du ressort de la BCE (Banque Centrale Européenne), les BCN (Banques Centrales Nationales) mettant en œuvre cette politique. Cette organisation obéit au principe de déconcentration :
- les BCN sont les interlocuteurs naturels des établissements de crédit implantés dans le pays pour l'exécution de la politique monétaire et de change décidée par la BCE ;
- le règlement des opérations transfrontalières, obéissant au même principe de déconcentration, sera assuré par le système TARGET (Trans-European Automated Real-Time Gross Settlement Express Transfer).


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