Le 13 novembre dernier, le pétrolier Prestige battant pavillon bahaméen, échoue au large du cap Finisterre, en Galice espagnole, avec 76.000 tonnes de fioul lourd à bord... C'était il y a à peine un mois. Le Prestige, endommagé par la tempête qui venait de frapper l'Espagne, demande aux autorités hispano-portugaises une évacuation d'urgence de son équipage. Dès le lendemain, le navire est remorqué par les deux flottes pour tenter de l'éloigner du littorale alors que ses soutes éventrées laissent déjà échapper en mer quelque 3.000 tonnes de fioul. On craint alors à demi-mots qu'une importante marée noire n'apparaisse, issue catastrophique très vite confirmée lorsque le 19 décembre, le navire se brise en deux à seulement 250 kilomètres de la Galice. Par 3.600 mètres de fond, le Prestige commence alors à déverser son fioul, dont les flux augmentent à chaque apparition d'une nouvelle brèche. En même temps que des renforts européens, des centaines de volontaires affluent bientôt sur les côtes nord-ouest de l'Espagne, où tout le secteur économique – basé sur la pêche – est paralysé. En France, les autorités tentent de leur côté de parer à toute arrivée de nappes de pétrole sur les côtes sud-ouest. Grâce à la mobilisation de la population et des instances européennes, quelque 27.300 tonnes de fioul et de résidus pollués ont à ce jour été récupérées en mer et sur le littoral de la Galice. Mais 125 tonnes continuent aussi de s'échapper de l'épave quotidiennement. Ces fuites qui ont encore formé trois nouvelles nappes, dont la plus grande fait 29 kilomètres de diamètre, laissent désormais craindre une troisième vague de marée noire. Pire, d'autres pourraient même suivre étant donné que le fioul restant dans le navire ne se solidifie pas et qu'une intervention directe sur l'épave a été jugée extrêmement difficile, voire impossible par des experts français. Ce drame tant écologique qu'économique, s'il a longtemps été sous-estimé par le gouvernement espagnol, pourrait se prolonger pendant des mois, voire des années.