Le Prestige s'est brisé en deux, mardi au large de la Galice, laissant s'échapper une partie des 75.000 tonnes de fioul qu'il transportait. Une catastrophe écologique qui a créé une polémique entre Madrid et Lisbonne. Le pétrolier frappé par une violente tempête mercredi dernier, était remorqué par un bâtiment chinois affrété, par l'entreprise néerlandaise de sauvetage en mer, lorsqu'il s'est brisé en deux mardi aux environs de 8h00, au large de la Galice. Le Prestige a aussitôt commencé à sombrer dans la matinée, même si la proue et la poupe étaient encore émergées, selon la société chargée de son remorquage, Smit Salvage. « Nous avons quitté le navire. Il ne va pas tarder à couler », a alors indiqué depuis Rotterdam un de ses responsables, Lars Walder. Lequel a précisé que le pétrolier se trouvait en haute mer à 215 km au large du cap Finisterre, point le plus occidental du nord de l'Espagne. M. Walder a également ajouté que le naufrage pourrait durer des heures, voire plusieurs jours, et qu'une partie du fioul pourrait rester dans les cuves, les cales du navire étant étanches. Depuis mercredi dernier, environ 5.000 tonnes de pétrole se sont pourtant déjà dispersées dans les eaux. Une cinquantaine de kilomètres de côte espagnole ont aussi été touchées par la marée noire. Durement frappée par cette catastrophe, qui a mis au chômage forcé plus d'un millier de pêcheurs et entraîné l'interdiction du ramassage des coquillages sur une centaine de kilomètres de côtes, l'Espagne a interpellé mardi le Portugal qui, selon elle, est désormais responsable du pétrolier. Un porte-parole du gouvernement galicien a assuré que le Prestige était dans la zone de compétence du sauvetage maritime portugais. « Le pétrolier se trouve à 30 milles au nord de la zone économique exclusive (ZEE) portugaise », a aussitôt répondu le commandant Augusto Ezequiel, président de l'institut hydrographique portugais. Et de préciser que « le pétrolier se trouvait mardi légèrement plus au sud que lundi, mais aussi plus éloigné des côtes portugaises ». Lisbonne avait de toute façon prévenu lundi soir qu'il refusait que le pétrolier endommagé accoste dans un de ses ports. «Des instructions très claires ont été données aux ports portugais. A toute demande éventuelle d'accostage du navire dans un port portugais la réponse sera clairement non», avait alors déclaré le ministre portugais de la défense Paulo Portas. Qui va désormais s'occuper du Prestige en perdition? Selon les prévisions météorologiques, la marée noire devrait se rapprocher des côtes espagnoles d'ici jeudi. La logique voudrait que, comme prévu dans de tels cas, les remorqueurs – au nombre de cinq mardi – tirent les deux moitiés du pétrolier pour les éloigner du littoral... En attendant, le navire français de décontamination a poursuivi son opération de récupération du fioul, dont 100 tonnes ont déjà été recueillies. Une dizaine de pays européens ont aussi proposé leur aide. « De nombreux Etats membres de l'UE ont mis à disposition des bâtiments et des équipements techniques.(...) Un bâtiment néerlandais est en route », avait indiqué lundi la porte-parole de la commissaire européenne à l'Environnement, Margot Wallstroem. La Commission a par ailleurs « demandé, à la requête des autorités espagnoles, des images satellites qui permettront aux Espagnols de mieux suivre la situation », a précisé la porte-parole. La situation se résumait mardi à des nappes de brut polluant les eaux et les côtes, anéantissant toutes les réserves halieutiques de la région et tuant des dizaines de mouettes, cormorans, pélicans et autres oiseaux vivant dans ce qui était jusque-là une importante réserve naturelle.