Abdelmalek Zirari est le coordinateur national du projet "Gestion participative des ressources génétiques du palmier-dattier dans les oasis du Maghreb". Installé à Zagora, Zirari exhorte le secteur privé à investir dans ce fruit particulier. ALM : Quels sont les effets du phénomène d'arrachage sur les palmiers-dattiers? Abdelmalek Zirari : L'arrachage abusif est inéluctablement un danger pour les palmeraies, pour l'environnement et pour la pérennité de nos oasis. Surtout quand cet arrachage s'effectue de manière anarchique et sans aucun contrôle. Toutefois, je tiens à préciser que les autorités locales dans des villes comme Errachidia ou Zagora ont carrément interdit depuis deux ou trois ans, ce phénomène. Elles ont instauré un cadre réglementaire pour éviter tout désastre. Je profite de cette occasion pour souligner que le danger qui guette la survie de nos palmeraies ne vient pas uniquement de l'arrachage. Quel est l'autre danger? Nous devons fournir tout l'effort nécessaire pour préserver la diversité génétique des palmiers marocains. Nous avons actuellement plus de 223 variétés de palmiers au Maroc. 45% d'entre elles font partie de ce qu'on appelle des "palmiers Khalk", c'est-à-dire dont l'empreinte génétique est unique. Et justement, cette diversité est le point fort de l'écosystème. Car si nous n'avions qu'une seule variété, une maladie qui surgit soudainement peut facilement exterminer toutes les palmeraies en un temps record. Où en est-on dans la lutte contre le «Bayoud»? Il faut savoir que le Bayoud tue, annuellement, près de 4% de l'effectif des palmeraies. Fort heureusement, certaines variétés de palmiers sont résistantes à cette maladie. On compte environ six variétés résistantes au Bayoud. Toutefois, ces variétés produisent des dattes de qualité assez moyenne. En d'autres termes, le Bayoud atteint plus facilement les palmiers qui donnent des fruits de bonne qualité. Que faites-vous pour résoudre ce problème? A l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), il a été développé génétiquement des clones qui sont à la fois résistants et qui produisent des dattes de bonne qualité. Cette culture in-vitro a permis de produire un important nombre de vitro-plants. Ces vitro-plants sont distribués gratuitement aux agriculteurs à travers les Offices de mise en valeur agricole (ORMVA). Aujourd'hui, nous avons constaté que les agriculteurs en demandent davantage. Tout ceci a également fait l'objet d'un partenariat avec le PNUD. Le but étant de développer la capacité du Maroc dans ce domaine. Ce projet prévoit-il un volet «commercialisation»? En effet, c'est un élément extrêmement important. Une étude a été réalisée dans ce sens. Nous avons constaté que les conditions de récolte, de stockage et d'emballage étaient très archaïques. C'est en fait le point faible des producteurs marocains. Mais pas le seul. Il y a également l'aspect transformation qui est carrément absent. Qu'entendez-vous exactement par transformation? C'est un domaine qui me tient particulièrement à cœur. Il s'agit de promouvoir des produits dérivés de la datte. Je pense notamment à la confiture, au sirop, à la farine de datte, au vinaigre et à la pâte. Personnellement, je travaille d'arrache-pied pour attirer un maximum de fonds pour élaborer un projet de création de petites unités de transformation de la datte. Ces unités seront gérées par des ONGs locales, sous notre supervision et notre encadrement. A cet effet, j'ai pris contact avec le programme de micro-financement du Fonds de l'environnement mondial qui octroie des crédits dans ce sens. Quel est la qualité de la datte marocaine par rapport à celle d'Algérie ou de Tunisie? Au Maroc, nous avons un problème de valorisation, avant tout. C'est tout ce qui concerne l'emballage, le triage et le calibrage. Mais en matière de qualité, nous avons d'excellentes dattes. A cette occasion, je souligne que nous sommes en passe d'inscrire notre droit de propriété sur les dattes. La variété «Majhoul» qui est marocaine d'origine, est produite dans plusieurs autres pays. Nous devons la protéger. En partenariat avec le PNUD, toujours, nous sommes en train de lancer un processus de recherche de possibilité de garantie de droits de propriété. Le secteur privé devrait-t-il s'intéresser au domaine des palmiers-dattiers? Ce que je peux vous dire, c'est que ce secteur est très rentable. Nous avons réalisé une étude sur le marketing des produits du palmier-dattier. Et par conséquent nous pouvons mettre à la disposition de n'importe quel investisseur des projets de développement ou d'investissement facilement réalisables.