Une évaluation préliminaire de la substance de la déclaration de Baghdad sur ses programmes d'armement devrait intervenir dans dix jours. Mais, au-delà de ce délai, le plus important reste de savoir à qui incomberait cette appréciation. Une évaluation préliminaire de la substance de la déclaration de Baghdad sur ses programmes d'armement devrait intervenir dans dix jours. Mais, au-delà de ce délai, le plus important reste de savoir à qui incomberait cette appréciation. Est-elle du ressort des inspecteurs en désarmement des Nations unies ou de celui des Etats-Unis, qui ont obtenu la primeur de la déclaration irakienne? Ces derniers semblent temporiser en soutenant que l'analyse de ce document doit être menée de façon minutieuse, réfléchie et complète. Si les Etats-Unis cherchent réellement à calmer le jeu, c'est probablement parcequ'ils veulent sortir de leur isolement diplomatique. Ils ont dû tirer des leçons et renoncer, pour l'instant du moins, à leur surenchère guerrière. Mais leurs pressions sont toujours là, préfigurant l'impasse et le risque d'embrasement. Un rebondissement dramatique dans ce bras de fer irako-américain n'est pas à exclure depuis que Washington a compris les contraintes de l'approche qu'il a adoptée vis-à-vis de ce pays. Sa stratégie, axée sur l'étouffement de l'Irak et de son maintien au ban de la communauté internationale et pour l'écarter complètement des affaires du Moyen-Orient, est mise à rude épreuve. Le régime de Saddam Hussein est toujours là, même si son peuple paie le prix fort d'un isolement qui perdure. On se rend compte que la diplomatie américaine s'est enfermée dans une dynamique qui ne sert pas forcément ses intérêts dans cette région du monde. Pour de nombreux analystes, c'est la raison pour laquelle l'attitude américaine a radicalement évolué pour se concentrer sur la nécessité d'éliminer physiquement Saddam Hussein, faute de pouvoir l'écarter du pouvoir. Mais, voilà qu'en adoptant une telle attitude, les Etats-Unis quittent la légalité internationale. En s'écartant des résolutions des Nations unies, qui ne font référence qu'à la seule nécessité de détruire les armes irakiennes de destruction massive, ils font douter de leurs vraies motivations et de la légitimité de leurs objectifs au Moyen-Orient. C'est pourquoi, l'Administration américaine n'arrive plus aujourd'hui à reconstituer un front du type de la coalition rassemblée par Bush-père durant la première guerre du Golfe. Seule la Grande-Bretagne lui apporte un soutien sans faille. Tous les autres coalisés refusent de la suivre dans une aventure porteuse de nouvelles épreuves pour le peuple irakien et dont les conséquences pourraient se révéler désastreuses pour le reste de l'humanité.