La décision royale de baisser l'âge de vote revêt une importance capitale dans la mesure où elle s'inscrit dans une stratégie globale de modernisation et de développement de la vie publique nationale. En décidant d'abaisser l'âge de vote à 18 ans au lieu de 20 ans et en invitant le gouvernement à prendre les dispositions nécessaires à cet effet, S.M. le Roi a mis fin à une polémique sourde qui n'a cessé de faire écho chez les jeunes, et inscrit l'expérience politique marocaine dans le sillage des pays démocratiques. « Pour que se concrétise Notre aspiration de voir la jeunesse marocaine s'investir massivement dans la réalisation de Notre projet de société démocratique et moderniste, Nous avons décidé d'abaisser l'âge de vote à 18 ans, et invitons le gouvernement à prendre les dispositions nécessaires à cet effet », a annoncé le Souverain en installant, mardi, le Diwan Al-Madhalim et le Conseil Consultatif des Droits de l'Homme à l'occasion de la journée internationale des droits de l'homme. Aussi bien en ce qui concerne la date de cette initiative que le cadre dans lequel elle s'inscrit, tout témoigne de la volonté du royaume d'aller de l'avant dans le processus de consolidation de la démocratie au Maroc. A ceux qui affichaient des réserves à ce sujet, le discours royal est venu leur indiquer le chemin à prendre, en clarifiant les tenants et les aboutissants de cette décision. « Nous sommes convaincu que Notre jeunesse, dont Nous partageons les préoccupations, tout comme Nous essayons de répondre à ses aspirations, assumera cette mission avec l'idéalisme et l'enthousiasme qui lui sont connus", a indiqué S.M. le Roi. De Tanger jusqu'à Lagouira, cette jeunesse marocaine « donnera une puissante impulsion à la citoyenneté responsable et apportera du sang nouveau à la pratique démocratique ». La question est donc d'ordre stratégique pour le pays et ne se limite guère à des amendements techniques concernant l'unique code électoral. Depuis le 10 décembre dernier, plus personne désormais ne saurait dire que le mode de fonctionnement du champ politique marocain est bloqué par les textes qui le régissent. Mais, face à cette avancée, il y a lieu de rappeler les limites d'actions et d'influences que rencontrent certains partis politiques souffrants de carences au niveau de l'encadrement des citoyens et du rajeunissement de leurs élites. En effet, lors des élections du 27 septembre, l'on a vu que malgré tous les efforts déployés pour la garantie d'élections libres et intègres, un point épineux est resté à l'ordre du jour, à savoir celui de l'absentéisme des citoyens, dont essentiellement les jeunes. Car, ces derniers n'étaient soit pas convaincus des discours soit non-encadrés , esseulés et livrés à leur propre sort. Or, ces donnes, qui expliquent, en grande partie, la faiblesse des taux de participation aux dernières échéances électorales, risquent de s'aggraver dans les prochains rendez-vous politiques, dont en premier lieu les prochaines élections communales. Il va sans dire, dès lors, que l'enjeu partisan est devenu plus important que par le passé et que, désormais, les différentes composantes du champ politique disposent de chances équitables, tant en ce qui concerne les garanties juridiques et administratives qu'en ce qui concerne le potentiel humain. Mais seront-t-ils en mesure de capitaliser cet atout nouveau ?