Une étude de perception a été menée auprès des professionnels publics et privés Secteur stratégique dans le développement du pays, la sidérurgie nationale fait toujours face à d'importants enjeux entravant ainsi son apport économique. Compétitivité, diversification des marchés et innovation sont les principaux défis à relever par les opérateurs nationaux en vue d'aligner la performance du secteur aux standards internationaux et répondre aux besoins d'une industrie beaucoup plus complexe. Pour atteindre ces ambitions, il est également préconisé de définir une stratégie promotionnelle agressive et de déployer une approche de partenariat plus étroite entre autorités publiques et acteurs privés. C'est ce qui ressort en gros de l'intervention de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'industrie, de l'investissement, du commerce et de l'économie numérique, lors d'un séminaire organisé par l'Association des sidérurgistes du Maroc (ASM), mardi 14 novembre à Casablanca, ayant pour thème «La sidérurgie marocaine, cap vers la haute performance». D'ailleurs, le même constat a été relayé par les acteurs du secteur ayant participé à l'étude de perception initiée par l'ASM à travers sa plate-forme de réflexion Steel Impulse. Cette enquête dont les principales conclusions ont été restituées lors dudit séminaire a permis de sonder l'opinion d'une soixantaine d'opérateurs publics et privés quant à la situation actuelle du secteur et ses perspectives de développement. De grandes recommandations ont été recueillies dans ce sens afin d'accompagner le Maroc dans son élan d'accélération industrielle. «Le secteur de la sidérurgie au Maroc compte 8 acteurs importants. Ils assurent une large autosuffisance au niveau du pays. Cependant, ce qui a été fait ne présage pas de ce qui est à venir», indique à cet effet Amine Louali, directeur général délégué de Maghreb Steel et président de l'ASM. Nombreuses sont les opportunités qui s'offrent au secteur. Citons à titre d'exemple : l'émergence de nouvelles filières industrielles telles que le démantèlement des navires, la libéralisation du secteur de l'énergie et l'adhésion du Maroc à la CDEAO qui lui permettra de se situer en tant que producteur de taille en Afrique, couvrant ainsi l'ensemble des besoins de la région. «Il est temps aujourd'hui pour nous de se focaliser sur ces opportunités et travailler conjointement avec le secteur public pour atteindre ces objectifs. La force est dans la mobilisation de l'ensemble des parties prenantes. Une synergie qui a porté ses fruits dans plusieurs pays, notamment la Turquie. C'est ce que nous souhaitons modestement copier dans notre secteur de manière à être plus compétitifs», souligne le président de l'ASM. L'ambition est partagée par l'ensemble des acteurs sondés par l'Association dans le cadre de son étude. Tel que recommandé dans cette enquête, les sidérurgistes sont appelés à mieux préparer leur mue afin d'affronter la concurrence internationale. Un long chemin est à parcourir, notamment en termes de structuration managerielle, de modernisation de l'outil de production, de formation et d'innovation. L'obligation étant également d'assurer un accompagnement structuré et organisé de la part des autorités publiques pour éventuellement accroître les débouchés notamment à l'export. De même, les acteurs du secteur plaident pour la mise en place de programmes et d'une règlementation spécifique au secteur de la sidérurgie adaptés à la fois à ses contraintes et ses spécificités. Le renforcement de la compétitivité passe également par une gestion optimisée de la consommation énergétique et de la fonction logistique ainsi que par une approche agressive sur les secteurs industriels d'avenir au Maroc comme l'automobile, l'aéronautique, les énergies renouvelables, notamment éolienne. La qualité est également de mise. Les normes devraient se renforcer aussi bien sur le plan technique que technologique. Par ailleurs et pour faire évoluer la marque marocaine, il faut la rendre plus proche des standards internationaux et l'utiliser comme un moyen de contrôle des importations. La qualité doit ainsi être accompagnée d'innovation, car finalement plus l'appareil productif est innovant plus il répondra aux défis futurs et garantira davantage de performance pour les secteurs. Les répondants ont également proposé de créer des clusters dédiés à la recherche et développement et ont appelé en outre à l'intégration des autres filières «amont» dans la stratégie de développement du secteur.