Un père et son fils, tous deux trafiquants de drogue, ont tué un vagabond, auquel ils donnaient gratuitement une petite dose pour se faire un joint. Le jour où ils lui ont demandé de payer, les choses ont mal tourné. Récit. Sidi Maârouf, Casablanca. Ils sont tous les deux, face à face, comme s'ils étaient sur un ring de boxe. L'un d'eux porte un coutelas. Les yeux dans les yeux. Le premier s'avance, tandis que l'autre recule. Les badauds s'attroupent autour d'eux, sans oser intervenir, craignant d'être blessés par le coutelas. Ils se contentent de crier, d'inciter Marouane à reculer, à ne pas toucher Hicham avec son coutelas. «Tu risques de le tuer et d'être jeté en prison », lui lance un jeune voisin. Marouane et Hicham sont deux jeunes issus du quartier de Sidi Maârouf, à Casablanca. La vingtaine, célibataires et d'un niveau scolaire primaire, ils jouissent d'une mauvaise réputation. Depuis son échec scolaire, Marouane s'est jeté à corps perdu dans le monde de la délinquance. Il a appris à fumer, à boire et à se droguer. Au fil du temps, il est devenu un toxicomane incorrigible, qui ne cesse de voler tout ce qu'il trouve à la maison pour le revendre et acheter sa dose quotidienne en haschich ou en comprimés psychotropes. Ni ses parents ni ses frères et sœurs ne supportent ses comportements. Ils ne veulent plus de lui et ne supportent plus de le voir à la maison. «Ne reste plus à la maison, nous ne voulons plus te voir», lui disent ses parents. Il sort, quitte la maison, vagabonde, fréquente les clochards, se drogue, boit, mendie et vole. Sa famille lui tourne complètement le dos. Personne ne s'intéresse plus à lui, ni ne pense à l'aider à abandonner le vagabondage et reprendre la vie normale. Bref, il est livré à son propre sort. D'habitude, il achète sa dose de haschich chez Hicham. Dès qu'il a atteint son adolescence et après avoir échoué au primaire, il a commencé à aider son père, trafiquant de drogue. Il a commencé à vendre du haschich et à le distribuer aux clients de ses parents. Au fil des mois, il est devenu «professionnel». Par générosité, il n'hésitait pas à donner gratuitement des joints à son voisin du quartier, Marouane. Presque quotidiennement, ce dernier se rendait chez lui pour prendre sa dose sans verser un sou. Il ne dispose pas d'argent. Au fil du temps, Hicham ne veut l'approvisionner gratuitement. « Je ne te donne plus de haschich. Si tu en veux, tu dois payer comme les autres. Si tu n'as pas d'argent, cesse de le fumer », lui lance-t-il. Dernièrement, Marouane s'est rendu à la maison de Hicham, a frappé à la porte. Son frère, Bouchaïb, lui a ouvert. «Qu'est-ce que tu veux ?», lui demande-t-il avant de lui demander de s'éclipser. Énervé, Marouane l'a insulté, lui a craché à la figure, a brandi un couteau et l'a menacé de lui balafrer le visage. Bouchaïb s'est contenté de refermer la porte et de retourner à l'intérieur avant d'aller commissariat de police déposer plainte. Recherché par les limiers de la brigade urbaine de Hay Hassani-Aïn Chok, Marouane a disparu. Il n'a donné signe de vie que trois jours plus tard et plus précisément devant la porte de la maison de Hicham. C'est ce dernier qui lui a ouvert. « Je veux demander à ton frère de retirer sa plainte contre moi », lui demande-t-il. Hors de lui, Hicham l'a repoussé violemment au point qu'il a perdu son équilibre et s'est effondré. En se relevant, Marouane a commencé à l'injurier en utilisant des mots abjects. Hicham s'est énervé et a continué à le pousser violemment. Hors de lui, Marouane a tiré un coutelas qui était caché sous ses vêtements et lui a asséné un coup au niveau de la jambe gauche. Lançant un cri strident, Hicham a couru à destination de sa demeure et en est ressorti, armé d'un couteau. Son père le suivait avec une grosse pierre à la main. Enragé et le sang coulant de sa blessure, Hicham s'est avancé en courant vers Marouane, lui a porté un coup de couteau au niveau de la cuisse. Fou de colère, ce dernier a asséné un coup à son protagoniste. Le père de Hicham venu soutenir son fils, a donné un coup de pierre à Marouane au niveau de la tête. Ce dernier a perdu l'équilibre, a commencé à crier au secours. Le père continue de lui asséner des coups de pierre. « Tue-le, tue-le », crie-t-il en continuant à le frapper à la tête. Hicham s'est avancé vers Marouane qui était à terre et lui a donné plusieurs coups de couteau. Les badauds sont intervenus enfin pour l'immobiliser et ont téléphoné à la Protection civile, dont les éléments se sont dépêchés sur les lieux quelques minutes plus tard. À ce moment, Hicham a disparu. A-t-il pris la fuite ? Non. Il s'est rendu au commissariat de police pour avouer avoir gravement blessé Marouane. L'a-t-il tué ? Les policiers de la sixième section judiciaire de la brigade urbaine de Hay Hassani-Aïn Chok se sont dépêchés aux urgences pour s'en rassurer. Marouane subissait encore des soins ? Non. Il est mort. Hicham et son père ont été par conséquent arrêtés et traduits devant la Cour d'appel de Casablanca.