La période du modèle ivoirien a vécu. Prospérité économique et stabilité politique de l'ère Houphouët-Boigny s'avèrent aujourd'hui bien éphémères. Il s'en est fallu d'une tentative de coup d'Etat pour que ce pays, jadis cité en exemple du bon élève des Institutions monétaires internationales et de l'ancienne puissance colonisatrice, sombre dans la guerre civile. La période du modèle ivoirien a vécu. Prospérité économique et stabilité politique de l'ère Houphouët-Boigny s'avèrent aujourd'hui bien éphémères. Il s'en est fallu d'une tentative de coup d'Etat pour que ce pays, jadis cité en exemple du bon élève des Institutions monétaires internationales et de l'ancienne puissance colonisatrice, sombre dans la guerre civile. Cette fragilité confirme que les clivages en Côte d'Ivoire sont un héritage qui remonte à l'immédiat-post Houphouët-Boigny. Ce paradis de l'Afrique de l'Ouest n'a pas survécu à son père-fondateur car aucun des successeurs, se réclamant de sa légitimité et revendiquant son patrimoine, n'a réussi à s'imposer démocratiquement. C'est en effet à travers l'incapacité chronique des « leaders » ivoiriens de gérer l'héritage du grand baobab qu'il faut chercher les conflits qui minent ce pays. Ils ont le plus grand mal à tourner la page de cette période faste certes, mais qui a définitivement vécu, emboîtant le pas à son initiateur, à l'image de ce qui s'est passé dans de nombreux pays africains qui ont connu le même itinéraire. Les dépositaires du legs Houphouët-Boigny ont détruit en peu de temps ce patrimoine et leur pays avec. Ils se sont servis de la Côte d'Ivoire pour se remplir les poches et s'enrichir indûment, au prix d'une guerre civile qui perdure. Les Ivoiriens se sont façonnés une nouvelle culture conditionnée par les couvre-feux, les états d'urgence et les bruits de bottes avec leurs lots de morts, de déchirures, de coups d'Etat, de mépris et d'arrogance. Pourquoi s'étonner dans ces conditions, de la rupture des équilibres sociaux et de la guerre civile ? Dans cet Etat fragilisé à l'extrême, on est arrivé jusqu'à douter de l'utilité même des institutions et des structures étatiques. Quoi de plus normal dans un pays où les luttes tribales continuent à conditionner les rapports sociaux. Où la xénophobie pousse ses extrêmes jusqu'à empêcher des candidatures aux élections sous prétexte d'Ivoirité douteuse. Or, jamais un peuple qui cherche à emprunter le chemin de la démocratie ne peut réussir en s'embarrassant des oripeaux de l'intolérance. Les Ivoiriens doivent se regarder dans un miroir pour se dire leur vérité et emprunter le chemin de la légitimité, au-delà des appartenances tribales et de toute exclusion. La paix sociale est à ce prix.