Avec un taux d'envasement qui se situe autour de 7,5% de leur capacité de stockage, plusieurs barrages marocains risquent de devenir inexploitables. Les dernières pluies, ont-elles eu un effet positif sur le taux de remplissage des barrages ? À première vue, on aurait tendance à dire que c'est bel et bien le cas. Mais ces effets sont loin d'atteindre les niveaux espérés. Les précipitations enregistrées dernièrement ont certes permis de porter le volume d'eau stockée du Maroc à près de 7,37 milliards de mètre-cubes en date du 19 novembre dernier. Un communiqué du secrétariat d'Etat chargé de l'eau indique que le taux de remplissage moyen est désormais de 50%, contre près de 42% l'an dernier à la même date. Il y a lieu donc de se réjouir. Mais ces quantités, prennent-elles en compte le volume de vase qui s'accumule au fond des barrages ? Quelle que soit la réponse, il faut dire qu'il y a danger. Le taux d'envasement se situe, depuis trente ans déjà, autour de 7,5%. Ce pourcentage représente le manque à gagner pour les barrages en termes de capacité de stockage en raison de l'entassement des sédiments. Il se fait plus criard dans les vieux barrages. La capacité totale des barrages est estimée à 14,5 milliards de mètres cubes. Plus de 1,1 milliard d'entre eux est occupé par la vase. Un chiffre qui va crescendo avec une progression de 65 millions de mètres cubes chaque année. Barrage Mohammed V Machrâa Hamadi sur la Moulouya, le barrage Nakhla, près de Tétouan, Lalla Takarkoust et Kansra (Sidi Slimane)…des barrages qui ont perdu, entre plus de 50%, de leur capacité. Certains sont en baisse de 8 fois leur volume initial. D'autres sont presque un amas de boue. Sérieusement exposés à cette menace, plusieurs risquent même de devenir inexploitables. Les méthodes de vidange restent très coûteuses. Parfois, situation géographique et manque en expertise obligent, elles sont même inapplicables. D'où le recours à des solutions plus «traditionnelles» comme l'arrêt de l'écoulement de la boue par le reboisement ou la construction de digues. Cette démarche s'avère difficile surtout dans les terrains privés et en l'absence du soutien de la population. Avec une opération dont le coût varie entre 15 et 20 millions de DH, le dragage, solution par ailleurs efficace et à très valeur ajoutée (le sable), demeure très rare à cause de sa cherté. Un mètre cube dévasé coûte 15 DH. Cette année, aucune enveloppe pour le dragage n'est programmée. En plus, l'inconvénient dans ce procédé est qu'il implique une grande déperdition hydraulique. Les pompes qui aspirent la vase emportent avec elles de l'eau. Un mètre cube de vase pompé équivaut à 3 ou 4 mètres cubes d'eau. La multiplication du nombre de barrages est certes une des solutions pour augmenter les ressources en eau au Maroc. Mais encore faut-il préserver la ressource existante.