Nos barrages souffrent du grave problème d'envasement. L'eau devient de plus en plus rare. La situation est alarmante. «L'eau, source de sécurité alimentaire». C'est le thème de la Journée mondiale de l'alimentation. Le choix de la thématique de l'eau n'est pas fortuit. Tous les spécialistes conviennent à dire que l'utilisation durable de cette ressource n'est pas une affaire gagnée d'avance. Et selon les projections, l'eau deviendra une denrée rare pour deux milliards d'habitants d'ici 2050. Les chiffres le prouvent. Ainsi, dans la zone du Maghreb et du Proche-Orient, un habitant sur dix n'a pas accès à l'eau potable. Le volume d'eau disponible par habitant aura diminué de 80 %, passant de 3400 mètres cubes en 1960 à 1250 aujourd'hui et à 600 en 2025. Très en dessous du seuil d'alerte fixé par la Banque mondiale à 2000 mètres cubes. Au Maroc, le problème de la disponibilité de l'eau se pose en d'autres termes. Leader en matière de construction de barrages ies dernières années, le pays affronte désormais le très épineux problème de l'envasement de ses barrages. La aussi, les chiffres sont plus qu' alarmants. La capacité totale des barrages, estimée à 14,5 milliards de mètres cubes, a perdu, aujourd'hui, quelque 1,1 milliard à cause de la vase. De nombreux ouvrages sont sérieusement menacés. C'est le cas du barrage Mohammed V sur la Moulouya, qui a perdu la moitié de sa capacité. Ou encore le barrage Machraâ Hamadi, qui risque de devenir inexploitable. Les causes ? Elles sont multiples. Plusieurs années de sécheresse mais aussi le phénomène de l'érosion. Celle-ci entraîne de graves conséquences pour la gestion de l'eau. La diminution des performances des barrages se traduit par des pertes économiques au niveau des usages (eau potable, énergie, agriculture,...), ce qui implique la création de capacités de stockage nouvelles de remplacement. Plusieurs observateurs estiment que la situation actuelle risque de porter un coup fatal aux efforts faits en matière d'équipements en infrastructures hydrauliques. Le Conseil supérieur de l'eau et du climat estime, quant à lui, qu'après 2030, le maintien de la capacité installée exigera la construction d'un barrage de 150 millions de mètres cubes chaque année, pour compenser l'effet de l'envasement. Une nouvelle priorité gouvernementale ?