Le D-G de la SAMIR a donné sa version des faits sur l'incendie qui a ravagé la raffinerie, lundi dernier. Les dégâts sont déjà estimés à 1,5 milliard de DH et la remise intégrale de l'unité centrale est promise dans 8 à 12 mois. La conférence de presse est prévue à 19H30. L'animateur ne prend la parole qu'à 20H 10. Cela fait dire aux mauvaises langues que les machines de la SAMIR n'ont pas été éteintes à temps. M. Saïdi enchaîne, parle de «catastrophe naturelle » et donne le film des événements. Lundi 11 heures : la Direction générale de la société est avisée par les autorités compétentes de l'ouverture du barrage de Oued El Maleh qui allait «libérer beaucoup d'eau». Sitôt, «nous avons mobilisé l'équipe de sécurité». 13 heures : «nous avons réalisé que le phénomène est beaucoup plus important que prévu». La direction est surprise par l'ampleur des déversements d'eau. «Plus de 200 mètres cubes à la seconde. C'est du jamais vu à Mohammedia». Cela amènera à l'arrêt de l'unité de fabrication de la zone I. Cette manipulation ne présentait pas de gravité, selon le D-G. 14H -17H30 : Evacuation du personnel administratif et lancement de l'arrêt des autres unités de la zone II. M. Saïdi estime que l'arrêt d'urgence de toutes les machines représente «un haut risque» et pourrait même être «désastreux» à cause du «choc thermique qui peut entraîner des fuites, les liquides circulant à des températures entre 300 et 800°». Autre argument avancé: «dans toutes les raffineries du monde, l'arrêt demande plusieurs jours». Entre temps, l'eau a envahi la raffinerie, atteignant jusqu'à 2 mètres de hauteur. Le bassin des eaux résiduaires, la station d'épuration pour la purification débordent. Les hydrocarbures remontent à la surface et, au premier contact avec une source de chaleur, c'est l'enfer ! 17H30 : la fermeture est complète. Mais les 200 hectares de la Samir sont complètement inondés. A ce niveau, il y a encore polémique. Le syndicat affirme avoir tiré la sonnette d'alarme, une semaine auparavant, quand un bac s'était incliné et provoqué le déversement de milliers de tonnes d'hydrocarbures. 20H03 : le D-G est informé de l'incendie. A son tour, il informa les autorités compétentes. Une rude bataille, qui va durer une heure et demie, contre le feu. La puissance des jets de mousse fera migrer les hydrocarbures vers d'autres foyers. 21H30 : le premier foyer est maîtrisé. Mais le feu atteindra la Centrale, dernière unité à avoir été éteinte. C'est celle qui produit de l'électricité. C'est le cœur de la raffinerie. De là les flammes vont se propager vers d'autres stations, dont celle des huiles, qui sont plus difficiles à éteindre. Mardi 6H : le feu est éteint, un «seul petit bac» ne sera maîtrisé qu'à 13H. 14H30 : le feu est complètement et définitivement éteint. Mais il faudra rester vigilant, car de grandes quantités d'hydrocarbures flottaient encore. Deux opérateurs laisseront leur vie dans la centrale. Ils sont restés pour accomplir leur devoir. Ils ne pouvaient abandonner la raffinerie. Trois autres seront blessés, dont un grièvement.Quant aux dégâts matériels, ils ne pourront, pour le moment, être que préliminaires. Il va falloir attendre la fin du pompage pour en avoir une idée plus précise. Trois sociétés travaillent 24H/24H. Mais déjà un chiffre est avancé: 1,5 milliard de dirhams. A revoir, certainement, à la hausse. Heureusement, les dommages sont couverts. 96% sont réassurés à l'étranger. S'agissant de l'approvisionnement, la D-G de la SAMIR estime qu'une quantité de l'ordre de 4 à 5 jours est prête à livrer à partir de Sidi Kacem et de 12 jours à 3 mois pour les réserves de Mohammedia. Des importations sont en cours, en plus des stocks des sociétés de distribution. Les unités I et II pourront redémarrer et produire «dans 10 jours», alors que l'unité III nécessite entre 8 et 12 mois de travaux.