Les syndicalistes de la SAMIR ont tiré la sonnette d'alarme depuis longtemps sur les dangers que recèlent des installations vétustes de la SAMIR. Mais personne n'a daigné les écouter. Le siège de la CDT à Mohammédia était trop exigu pour contenir les représentants de la presse et surtout les nombreux employés de la SAMIR. Le syndicat donnait jeudi dernier une conférence de presse pour expliquer sa version des faits sur l'incendie ravageux de la raffinerie SAMIR qui a fait deux morts et quatre blessés. L'un deux, Abdelkrim Badadoui brûlé au premier degré aux mains et au visage, était présent. Il était conscient de l'ampleur du drame et réalisait qu'il l'a échappé belle mais il était hébété et semblait être encore sous le choc de qu'il a vécu et enduré durant l'apocalypse. Et surtout après. Car figurez-vous que cet homme blessé dans son corps et dans son âme n'a trouvé personne pour l'amener à l'hôpital quand il a réussi à s'échapper aux flammes de la mort... Tout le monde l'a vu, mais personne parmi les officiels n'a daigné le prendre en charge pour le secourir. Heureusement qu'il a trouvé Allal Belarbi, un membre du bureau exécutif de la CDT qui était sur les lieux et qui l'a amené à l'hôpital pour recevoir les premiers soins. D'ailleurs tous les membres du syndicat de Mohammedia et les délégués du personnel ont passé cette terrible nuit devant la porte de la Raffinerie. Certains d'entre eux sont restés en contact avec les deux victimes par le biais du téléphone portable et n'ont perdu le contact que vingt minutes avant la première déflagration. Les syndicalistes prévoyaient depuis longtemps cette catastrophe et l'ont fait savoir à toutes les instances locales, régionales et gouvernementales. C'est pour cela qu'ils n'ont pas eu du mal à confectionner un dossier de presse accablant pour la direction de la SAMIR, pour les autorités locales, pour la Wilaya de Casablanca et pour le gouvernement. Pis encore, quand l'incendie a pris de l'ampleur cette nuit de 25 novembre sans que la direction prenne conscience du danger, c'est le syndicat qui a averti une personnalité de haut niveau au sein de l'Etat du danger de la situation. Aussi bien le secrétaire local de la CDT, Houssine Yamani que le délégué du personnel, Lhadi Messouak, ont mis l'accent sur la multiplication des accidents à LA SAMIR depuis sa privatisation. La réduction de la moitié du personnel, l'éclatement du service de la maintenance ainsi que la réduction considérable des frais d'entretien, ont eu pour conséquence la détérioration des unités déjà usés par le temps. Certaines installations remontent en effet à 1960 date de la création de la SAMIR et les plus récentes ont été montées au début des années quatre-vingt. C'est ce qui explique que depuis cinq il y a une recrudescence sans égale des accidents de travail qui ont causé des dégâts corporels et matériels de plus en plus graves. La dernière en date aurait pu tirer la sonnette d'alarme à la direction quand le 16 novembre, soit neuf jour avant le drame, l'éclatement d'un couvercle a causé une fuite d'hydrocarbure considérable. La population de Mohammedia dans ses quartiers les plus lointains avait été envahie par une odeur suffocante durant toute une semaine. Le comble dans cette affaire, c'est que le syndicat avait averti le Wali de Casablanca de la dangerosité de cet accident le 21 novembre soit quatre jour avant l'apocalypse. Dans cette correspondance, il est notamment dit: « ...le syndicat qui suit avec inquiétude l'incident de la fuite d'hydrocarbure survenu le 16/11/02, vous prie d'intervenir d'urgence auprès de la société SAMIR pour qu'elle s'occupe de l'entretien des unités de production et qu'elle s'empresse d'assainir les séquelles de cette fuite pour protéger la sécurité de la raffinerie, de son voisinage et de l'environnement... » Une lettre similaire a été adressée au Premier ministre, Driss Jettou, dans le même jour dans laquelle le syndicat réitère sa préoccupation quant à l'état défectueux des installations de la raffinerie. L'ancien Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi, a été averti de cette situation par des correspondances datées de 3 mai et de 15 janvier 2002. Quant au directeur de la SAMIR, Abderrahmane Saaidi, il a été avisé à maintes reprises de l'absence de maintenance et d'entretien des machines qui risquent d'être préjudiciable pour la sécurité de la société et son personnel. Une correspondance datée du 16 mai 2002 le met en garde contre l'aggravation de la situation après l'incendie d'un pipe-line et la coupure d'électricité qui s'en est suivie le jeudi 16 mai 2002. Il s'avère aujourd'hui que les responsabilités sont délimitées pour ne pas diligenter une enquête parlementaire comme le réclame le syndicat et les délégués du personnel de la SAMIR.