L'administration électronique au Maroc, c'est possible. Cela ne nécessite pas forcément de grands investissements. C'est avant tout une question de volonté. Eclairage avec l'Association Moroccan Internet Society. L'administration marocaine et l'Internet font deux. Comment alors démocratiser la Toile au sein des organismes publics ? Pour l'heure, on est toujours au stade de la réflexion. Une telle démarche ne relève pas du miracle. MM. Du moins si l'on en juge par les propos de Abdelaziz El Hilali et Mohammed Hassi Rahou, respectivement président et secrétaire général de l'Association Morroccan Internet Society (MISOC). Selon eux, «cela ne nécessite pas de grands investissements, mais dépend avant tout de la volonté des responsables qui sont à la tête de structures publiques». Ils citent à ce propos l'exemple de la Douane, la première administration à avoir franchi réellement le cap de l'administration électronique, suivie depuis peu par la Conservation Foncière. Le cas de ces administrations reste des exceptions, qui confirme la règle. Au Maroc, l'e-gouvernement en est encore à ses balbutiements. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'existe pas un manque d'expertise dans ce domaine. Loin de là. Plusieurs sociétés locales développent un sérieux savoir-faire en la matière. On peut citer à titre d'exemple le cas de Maroc Telecommerce qui fournit toute l'infrastructure technique en matière de commerce électronique. Une entreprise unique dans ce genre, relève M. El Hilali. Toujours dans ce registre, il y a lieu de s'arrêter aussi sur le projet développé par l'ANRT (Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications) ciblant les cybers-cafés. Ce projet qui devrait être opérationnel en janvier 2003 permettra à ces derniers de payer en ligne plusieurs prestations auprès de l'administration. Les aspects techniques sont déjà bouclés. Reste maintenant à ficeler les contrats. Ces expériences démontrent que l'intégration de l'Internet est possible au sein des administrations marocaines. Le facteur coût n'est qu'un faut prétexte, avancent MM. El Hilali et Rahou. On se demande alors pourquoi les organismes publics mettent autant de temps à introduire l'Internet ? « Cela s'explique essentiellement par les réticences et les craintes affichées par ces organismes publics qui n'ont aucune raison d'être », souligne M. El Hilali. Un avis partagé par M. Rahou qui ajoute qu'on peut développer des projets en l'absence d'un cadre légal. Allusion faite aux actes ordinaires notamment la demande de la carte nationale ou le paiement de PV que l'administration peut mettre en ligne au profit des citoyens. L'intérêt est de faciliter la vie aux usagers. Usagers, parlons-en. Au Maroc, le taux de pénétration de l'Internet ne dépasse pas les 2%. Un taux largement inférieur par rapport à des pays similaires. Le Maroc subit à plein fouet les incidences de la fracture numérique. Le gouvernement Youssoufi a affiché son ambition de réduire cette fracture, mais sans résultats concrets. L'Internet pour tous les Marocains n'est pas pour demain. Aujourd'hui, seuls des privilégiés bénéficient des avantages de la Toile. L'introduction du Net par l'administration remet au-devant de la scène la problématique de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Les opérateurs réclament des actions concrètes pour promouvoir ce secteur jugé comme une des locomotives de l'économie nationale. Lors de ses dernières sorties publiques, l'Apebi (Association des Professionnels des Technologies de l'Information) n'a pas caché son inquiétude par rapport à l'attitude du gouvernement Youssoufi concernant ce chantier. Les membres de l'association attendent des initiatives concrètes de la part de l'exécutif actuel. Les professionnels des TICS sont convaincus que le Maroc a besoin de projets structurants menés par des administrations qui se traduiront par des effets d'entraînement incontestables au niveau des entreprises. Notons que dans le cadre du contrat-progrès proposé par l'Apebi, il y est privilégié un partenariat entre le privé et le public. Objectif : encourager les administrations qui manquant de budgets d'avoir accès aux solutions modernes répondant à leurs besoins à travers l'implication du privé.