Amina se présente devant la famille d'Ahmed qui vient de mourir et prétend que l'enfant qui est entre ses mains est celui du défunt. Ahmed vient de mourir chez lui à Casablanca. La famille de ce soldat, qui a pris sa retraite depuis trois ans, reçoit les condoléances. Ils sont encore sous le choc quand une femme, accompagnée d'un enfant de sept ans, demande la veuve. Cette dernière se présente devant elle, lui tend la main pour la saluer. La femme l'embrasse et entre avec elle dans une chambre ; elle voulait lui parler en privé. « Je m'appelle Amina et je suis l'épouse du défunt et cet enfant est le sien… », lui confie-t-elle calmement. La veuve écarquille ses yeux, reste bouche-bée pour quelques secondes avant d'appeler son fils, Rachid. Celui-ci la rejoint. Elle le met au courant des prétentions de Amina. Il ne la croit pas et lui demande un acte de mariage. Amina n'avait aucun document pour justifier ; elle prétend : «Nous n'avons pas encore établi un acte de mariage…Il m'avait promis de l'établir une fois qu'il aura pris sa retraite…Mais sans passer à l'acte…». «Notre père ne s'est jamais marié avec une autre femme que ma mère et, si tu insistes, nous devons recourir à la justice…», lui précise Rachid. Deux jours plus tard, Rachid et sa mère ont porté plainte contre Amina. La police la convoque pour l'auditionner. «J'ai rencontré Ahmed en 1983 à Agadir. Nous avons établi une relation amoureuse qui a duré sept…», avoue-t-elle aux enquêteurs. Elle leur a précisé qu'il s'est présenté chez sa famille pour la demander en mariage. Seulement, il n'avait pas le temps pour contracter l'acte de mariage et nous nous sommes contentés de la lecture de la Fatiha en présence surtout de ses parents, son oncle maternel et autres membres de sa famille. «Depuis, nous vivons comme des époux, jusqu'au jour où je suis tombée enceinte…», affirme-t-elle. Au fil des mois, elle accouche de son nouveau-né. «Je lui ai demandé d'établir un acte de confirmation de mariage afin d'enregistrer notre enfant dans le livret d'état civil…» ajoute-t-elle. Ahmed s'abstenait. Pourquoi ? «Il craignait sa famille, mais il a pu avoir l'attestation d'accouchement que lui avait délivrée l'administration de la clinique privée où j'ai accouché et l'extrait d'acte de naissance», répond-elle aux enquêteurs. Ceux-ci ont examiné les documents, surtout l'extrait d'acte de naissance; ils ont remarqué qu'il porte le numéro 132 et qu'il a été signé par un fonctionnaire de l'arrondissement urbain de Bine Lamdoune. Ils s'y sont rendus pour approfondir leurs investigations. Le fonctionnaire Abderrahmane affirme : «je suis le rédacteur de l'extrait sur la base des documents…Mais je ne sais pas s'ils sont authentiques ou faux…Et c'est mon collègue Nouredine qui m'a demandé de lui faciliter la procédure». «Oui je l'ai connu depuis des années…Mais je ne suis jamais intervenu pour son compte à propos de l'extrait d'acte de naissance…», affirme le fonctionnaire Noureddine. Les enquêteurs se penchent aussitôt sur l'examen des registres de l'arrondissement. «Voilà la preuve que les documents sont falsifiés, ils ont mentionné dans le registre que le défunt est employé alors qu'il est soldat…» dit le chef de la brigade à son adjoint. Il a remarqué également que le numéro d'enregistrement 345/84 est fictif puisqu'en 1995, l'année de naissance de l'enfant, ces numéros ne dépassent pas 311. La troisième remarque est que la date de naissance signalée dans le registre est le 27 juin 1995 alors que la vraie date est le 25 mai 1995. Bien qu'Amina et les deux fonctionnaires continuent à nier avoir falsifié les documents, les pièces justificatives les mirent en cause. Ils ont été mis entre les mains de la Chambre criminelle près la cour d'appel de Casablanca, poursuivis en état d'arrestation pour faux en écriture officielle et complicité.