La grogne des infirmiers contre le ministre de la santé n'en finit plus d'enfler. Ils observeront une nouvelle grève ces 11 et 12 mai. Ce mouvement de débrayage fait suite à plusieurs revendications des infirmiers qui n'ont toujours pas été résolues par le ministère de la santé. Au centre de la discorde, encore et toujours le même dossier, celui de l'équivalence académique et administrative des infirmiers. Rappelons à ce sujet que les infirmiers détenteurs d'un diplôme Bac+3 des instituts de formation publics sont soumis à l'échelle 9, alors que le ministère de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle a reconnu à ces lauréats l'équivalence d'un diplôme de licence. Ainsi, il est demandé au ministère de tutelle d'appliquer cette disposition et, par conséquent, de soumettre les lauréats à l'échelle administrative 10. Son adoption impliquerait une révision des rémunérations et des droits sociaux. Ainsi, cette non reconnaissance de la part du ministère de la santé les empêche d'avancer au niveau des échelles supérieures de la fonction publique. Ils sont ainsi exclus du nouveau système de la formation continue LMD (Licence, Master, Doctorat). Selon Mohammed Ouardi, secrétaire général de la Fédération nationale de la santé affilié à l'UMT (Union marocaine du travail), un sit-in aura lieu le 12 mai, à l'occasion de la journée mondiale de l'infirmier, devant le siège du ministère de la santé. De son côté, le ministre de la santé, El Houcine Louardi a fait part de son intention de résoudre ce problème des équivalences. Le ministre a appelé mardi, lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers, à l'élaboration d'un statut unifié des infirmiers. Dans une réponse au Parlement, il a indiqué que le retard accusé à ce niveau est «une injustice» envers quelque 14.000 sur un total de 27.000 infirmiers. «Il n'est pas raisonnable que les titulaires du Bac+3 soient intégrés dans l'échelle 10, à l'exception des infirmiers», a-t-il déploré. Mobilisés, les syndicats revendiquent le droit à la santé qui est bafoué. Ils estiment que le secteur de la santé fait face à de nombreux défis qui sont toujours en suspens, à savoir le manque de personnel médical, le manque d'infrastructures ainsi qu'un budget dérisoire. Il ne dépasse pas 5% du budget national alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande 10%. A ceci s'ajoute la pénurie du personnel. «Le personnel de santé publique toutes catégories confondues est établi à 57.000 pour une population de 34 millions d'habitants. Ces mauvais indicateurs se répercutent automatiquement sur la santé des citoyens», déplore Dr Mostafa Chanaoui, secrétaire général de la CDT Santé. Rappelons que la grève nationale dans le secteur public de la santé qui avait été observée le 19 avril dernier avait été massivement suivie avec une paralysie quasitotale du secteur. Durant toute la journée, les infirmiers avaient tenu un sit-in devant le siège du ministère de la santé. La Fédération nationale de la santé avait signalé que plus de 500 infirmiers avaient participé à ce sit-in pour protester contre la non régularisation de leur situation.