Le statut des infirmiers a figuré mercredi 3 octobre au centre du débat entre les syndicats et le ministre de la santé. Lors d'une réunion à Rabat, les syndicats du secteur de la santé affiliés à l'UGTM, la CDT, la FDT, l'UNTM, l'UMT et l'ODT ont appelé le gouvernement à retirer immédiatement le projet de décret complétant et modifiant le décret 2-06-620 d'avril 2007 relatif au statut particulier du corps des infirmiers du ministère de la santé. Un texte qui, rappelons-le, donne la possibilité aux lauréats des écoles privées de passer les concours d'accès pour le recrutement des infirmiers au sein du secteur public au même titre que les lauréats des Instituts de formation aux carrières de santé (IFCS) qui relèvent du ministère de la santé. «Ce projet de décret a suscité la colère des étudiants des IFCS qui sont entrés en grève illimitée. Ces derniers ont également décidé de boycotter les stages de cette année», affirme Addi Bouarfa, secrétaire général de l'organisation de la santé, relevant que «les étudiants iront jusqu'au bout tant que le texte ne sera pas retiré». Dans ce dossier, le bureau national de l'ODT tiendra une réunion dès le début de la semaine prochaine pour examiner la possibilité d'une grève nationale des médecins et des infirmiers. «Il y a de très fortes chances pour que cette grève se tienne», indique M. Bouarfa. Outre le statut des infirmiers, les syndicats revendiquent l'adoption du système LMD (Licence-Master-Doctorat). Concernant ce dernier point, le secrétaire général de l'organisation de la santé déplore que le Maroc soit actuellement le seul pays où le système LMD n'est pas appliqué. Pour les syndicats, il est clair que le ministère de la santé s'engage dans le sens de «la privatisation du secteur de la santé». Ces derniers contestent le fait de ne pas être impliqués dans le processus de prise de décisions liées au personnel de santé. Selon les syndicats, la marginalisation des acteurs sociaux «aggravera davantage la situation avec des retombées négatives sur la qualité des services». Rappelons que le Maroc souffre d'une pénurie aiguë en personnel de santé. Il existe au Maroc seulement 1 infirmier pour 1.109 habitants, soit 9 infirmiers pour 10.000 habitants. Du côté des médecins, la situation n'est guère meilleure. Le Royaume ne compte que 6 médecins pour 10.000 habitants. Avec de telles statistiques, le pays est loin de répondre aux standards de l'OMS qui sont de 1 médecin pour 650 habitants. Le manque de médecins est actuellement estimé à 7.000. Pour ce qui est des infirmiers, les besoins s'élèvent à 9.000.