Face aux réactions des partis au Parlement, la démarche du numéro un de l'Exécutif n'a rien à voir avec celle de son prédécesseur Le nouveau chef de gouvernement fraîchement investi par le Parlement a un style à part. Connu par sa discrétion et son sang-froid, Saâd Eddine El Othmani adopte une démarche qui tranche avec celle de son prédécesseur. Le passage du numéro un de l'Exécutif au Parlement pour répondre aux réactions des différents partis au sujet du programme gouvernemental a permis de mesurer combien la méthode de Saâd Eddine El Othmani était différente. Devant les députés, il a ainsi commencé son discours en affirmant qu'il va éviter de répondre aux polémiques. Il a également précisé qu'il ne va pas répondre aux critiques virulentes de ses détracteurs, le but étant, selon lui, de relever le niveau de débat au sein de l'institution législative. Contrairement à l'ancien chef de gouvernement Abdelilah Benkirane dont les passages au Parlement étaient toujours marqués par des prises de bec avec l'opposition, El Othmani a tenté d'apporter des réponses à toutes les critiques vis-à-vis du programme gouvernemental. Dans sa réponse aux réactions des groupes parlementaires, il a tenté de clarifier surtout le point de la feuille de route gouvernementale expliquant que l'Exécutif adopte une approche réaliste, sincère et pratique pour explorer l'évolution du cadre macroéconomique. Il a dans ce sens fait savoir que le taux de croissance économique va se situer entre 4,5 et 5,5%, au lieu de 3,2% lors de la précédente législature ajoutant que cette estimation a été faite sur la base des données disponibles pour son gouvernement. Il a également annoncé que la réforme fiscale figurera en bonne place dans l'ordre des priorités, à commencer par la mise en œuvre de ce qui reste des recommandations des Assises nationales de la fiscalité de 2013. S'agissant du secteur industriel, El Othmani s'est attardé sur les mesures gouvernementales «volontaristes et fortes» que ce soit au niveau du soutien du secteur industriel et des autres secteurs émergents ou bien l'accélération du rythme de la mise en œuvre du nouveau plan de la réforme de l'investissement et l'activation du régime fiscal incitatif spécial pour les entreprises industrielles exportatrices en vue de soutenir leurs capacités compétitives et productives. En ce qui concerne le secteur de l'emploi, le chef de l'Exécutif a insisté sur sa volonté d'adopter une démarche consultative et participative impliquant notamment tous les partenaires sociaux. El Othmani a, en outre, évoqué la planification d'une réforme globale des retraites. Par ailleurs, le chef de gouvernement a annoncé qu'il allait rencontrer d'autres syndicats dans les prochains jours. Après une première série de rencontres avec les syndicats les plus représentatifs, à savoir l'UMT, l'UGTM, la CDT et l'UNTM, El Othmani a fait savoir qu'il n'a pas l'intention d'exclure les autres syndicats. Cette promesse est probablement venue après la réaction de la Fédération démocratique du travail (FDT). Celle-ci n'a pas été invitée à rencontrer le chef de gouvernement puisqu'elle n'est pas considérée comme étant un syndicat représentatif. A noter que la FDT est proche de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), membre de la majorité gouvernementale actuelle.