La pratique de l'allaitement au Maroc reste préoccupante. Selon les données du ministère de la santé publiées à l'occasion de la semaine nationale de promotion de l'allaitement maternel du 10 au 16 avril, seulement 27,8% des femmes allaitent leur bébé exclusivement au sein durant les 6 premiers mois en 2016 contre 51% en 1992. Il faut aussi relever que 26,8% des femmes pratiquent la mise au sein précoce dans la demi-heure qui suit l'accouchement. Pour ce qui est de la durée médiane de l'allaitement, celle-ci est de 16,3 mois. Les causes de cette désaffection sont d'ordre social, économique mais aussi culturel. Parmi les principaux facteurs, il faut relever le développement de l'industrie alimentaire avec la mise sur le marché des laits pasteurisés, des laits concentrés et en poudre, les préoccupations d'ordre esthétique, la non montée laiteuse, le manque de soutien psychologique de l'entourage et l'activité professionnelle. Le stress, la fatigue et l'angoisse de la mère influent également sur la qualité de l'allaitement et diminuent la sécrétion d'ocytocine, hormone qui intervient dans la production de lait. Et pourtant, L'OMS estime que l'allaitement exclusif au sein immédiatement après la naissance et pendant les six premiers mois de la vie est la meilleure source d'alimentation pour un enfant. Cette pratique permet d'éviter 13% des décès d'enfants de moins de cinq ans et par conséquent de sauver des centaines de milliers d'enfants de la même tranche d'âge. Il protège de nombreuses maladies (maladies digestives, diarrhée, otites, bronchites, méningites) et participe également à la prévention ultérieure de l'obésité pendant l'enfance et l'adolescence. Parvenus à l'âge adulte, les enfants allaités au sein ont une tension artérielle et une cholestérolémie inférieures à celles des enfants nourris au lait artificiel. L'allaitement permet également à la mère d'être mieux protégées de certains cancers de l'appareil reproductif (cancer du sein, cancer de l'ovaire). Les effets bénéfiques de l'allaitement, pour le bébé comme pour sa mère, sont liés à la durée et à la «qualité» de l'allaitement. L'idéal serait l'allaitement exclusif durant les six premiers mois et aussi sa poursuite jusqu'à l'âge de 2 ans.