Son départ du gouvernement n'a pas tellement surpris. Victime de l'usure du pouvoir, n'ayant pas su s'adapter à la nouvelle donne, Moulay Abdelkbir Alaoui M'Daghri devait passer la main. Son départ du gouvernement était prévisible. Celui qui s'est distingué par sa longue longévité politique a régné presque sans partage pendant environ deux décennies sur le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Un record. Le limogeage de Abdelkébir Alaoui M'Daghri a suscité des réactions mitigées. Pour certains son départ est normal puisqu'il était temps de le remplacer, alors que d'autres justifient sa mise à l'écart par des considérations politiques. En tout cas, son maintien en poste, sous Driss Jettou, aurait été étonnant. Lui-même savait que la fin de sa longue carrière ministérielle était imminente. Les événements sanglants du mois d'août dernier liés aux agissements meurtriers de groupuscules de la Salfia Jihadia ont été particulièrement fatales à M. M'Daghri Alaoui. Cette violence islamiste aveugle, dont des citoyens innocents ont fait les frais, a mis les Marocains en émoi. Ils ont pris peur. Du coup, les doigts accusateurs se sont dirigés, à tort ou à raison, vers le ministre en charge des Affaires islamiques qui s'est retrouvé au cœur de ce phénomène nouveau qui a bousculé l'idée selon laquelle le pays est un havre de paix et de quiétude. On ainsi découvert que nombre de mosquées que ce ministère était censé contrôler lui échappaient, devenant des lieux de culte informels servant pour la propagation au sein de la société de l'idéologie des groupes issus de la salfia Jihadia. Une propagande relayée aussi par des livres et des tracts qui sortent clandestinement de certaines imprimeries à Casablanca, Settat et d'autres villes. Sur la sellette, Moulay Abdelkébir Alaoui M'Daghri, auquel on reproche aussi sa manière peu nette de gérer les affaires de son département, est monté au créneau pour se défendre, arguant que les mosquées marocaines sont sous contrôle et que tout va bien dans le meilleur des mondes. Cette stratégie de défense a posteriori a peu convaincu. Le mal est plus profond qu'on ne le pensait. Homme moderne aussi bien à l'aise dans le costume-cravate que la djellaba et babouches, l'ex-ministre s'est éloigné visiblement de la mission qui était la sienne, veiller au bon exercice du culte musulman au Maroc, loin de la surenchère et de la polémique. Victime de l'usure du pouvoir, se croyant peut-être indispensable, n'ayant pas su s'adapter à la nouvelle donne, M. M'Daghri Alaoui a fait probablement les frais de toutes ces erreurs. Il fallait qu'il passe la main. Fort d'un discours politique rodé et d'une expérience non négligeable, il saura retomber sur ses pieds en se recyclant dans la politique si des fois il ne tient pas à se complaire dans une retraite dorée ou être jeté aux oubliettes de l'histoire . Reste à trouver le parti qui trouvera grâce aux yeux de ce commis d'État qui a fait son temps.