Manque de e-formation et résistance aux changements. Ce sont, en somme, les deux principaux points qui ont entravé jusque-là le développement du digital au Maroc. Le secteur n'arrive toujours pas à retrouver son équilibre et pour cause : la culture du digital n'est toujours pas bien incorporée dans l'économie nationale. C'est pour rattraper le temps perdu que les acteurs du secteur et gouvernement ont mis en œuvre une feuille de route transversale en vue de rehausser la qualité des services digitaux aussi bien au niveau de l'administration publique que le secteur privé. Toutefois, cette vision tarde à voir le jour suite au retard qu'a pris la constitution du nouveau gouvernement. «Le digital est un levier indéniable de croissance. Malheureusement nous observons un retard très important à ce niveau au moment où des pays voisins, notamment en Afrique subsaharienne, ont mis en marche des modèles très inspirants. Certains d'entre eux ont même dédié tout un ministère à l'économie numérique», note dans ce sens Saloua Karkri Belekziz, présidente de la Fédération marocaine des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (APEBI), en marge d'une rencontre de presse tenue vendredi 17 février à Casablanca en vue de dresser le bilan 2016 de la fédération et tracer ses perspectives. A cette occasion, la présidente de l'Apebi a lancé un appel franc et déterminé: «Il faut que le nouveau gouvernement mette la stratégie digitale au cœur de sa politique. Cette feuille de route concerne tous les départements vitaux de notre économie et contribuerait éventuellement à améliorer notre classement au niveau des e-services et lutter contre la corruption». L'autre urgence à laquelle devrait réagir le nouveau gouvernement est celle de mettre en place l'Agence nationale pour le développement numérique. Cette structure ayant manqué à la première stratégie Maroc Numeric 2013 créera une rupture avec les anciens codes qui régissent le secteur. Elle sera ainsi l'unique interlocuteur des acteurs et garantira l'homogénéité des projets IT. «L'agence devrait être dotée d'un véritable pouvoir pour mener toutes les propositions de loi en vue de changer la réglementation autour et faire évoluer les choses de façon concrète», souligne Mme Karkri Belekziz. En dépit de la conjoncture difficile en 2016, marquée principalement par le retard des paiements et le manque d'appels d'offres publics, l'Apebi a assuré une bonne visibilité notamment à l'échelle africaine. La coopération Sud-Sud s'inscrit au cœur du mandat actuel de l'Apebi. Les membres de la fédération voient en l'Afrique un marché porteur. Une niche où les opérateurs marocains pourront promouvoir leur savoir-faire en tant qu'acteurs de référence aux niveaux régional et continental.