Le retour au Maroc, le 20 septembre dernier, du commandant Lahbib Ayoub prouve que le Polosario s'effiloche à vue d'œil comme un tissu usé. Installé dans une maison aux environs de Rabat après avoir rallié le Maroc, Lahbib Sid Ahmed Lahbib Aouba, alias commandant Lahbib Ayoub, savoure son retour au bercail comme une revanche sur le temps perdu dans le désert de Lahmada à Tindouf. Les sables de cette fournaise, parsemée de camps de fortune, est désormais derrière lui. Fin d'une longue errance. D'un grand mirage. Ayant fait allégeance à S.M le Roi Mohammed VI le 23 septembre au Palais royal de Marrakech, celui qui aspire probablement à être appelé incessamment à de nouvelles responsabilités tient désormais à travailler pour son pays qu'il avait farouchement combattu des années durant pour le compte du Polisario dont il est l'un des cofondateurs. La défection spectaculaire de ce poids lourd des séparatistes est un coup très dur porté à la bande à Abdelaziz et de ses maîtres galonnés d'Alger. Elle confirme si besoin est que ce front, fabriqué de toutes pièces, s'effiloche et se décompose à vue d'œil comme un tissu usé. Membre du bureau permanent du secrétariat national du Polisario, il était titulaire d'un portefeuille virtuel, en l'occurrence le ministère des “territoires occupés“ de la RASD et détenteur d'un passeport diplomatique délivré par les autorités algériennes. Figure emblématique de la tribu sahraouie des Reguibat Lebouihat, le commandant Ayoub, la cinquantaine solide, explique sa défection par l'approbation de Abdelaziz Marrakchi de la proposition algérienne de la partition du Sahara marocain. Une proposition du reste absurde que le Maroc a dénoncée comme une manœuvre destinée dans le fond à empêcher toute solution d'un conflit qui n'a que trop duré. Le commandant Ayoub, lui, se dit partisan d'une large autonomie des provinces sahariennes sous souveraineté marocaine. Un compromis raisonnable, appelé troisième voie ou la loi-cadre, que le Maroc et certains membres permanents du conseil de sécurité dont les États-Unis et la France ont soutenu comme un “bon deal“ pour sortir de la crise et sauvegarder la stabilité dans la région. Le commandant Ayoub, qui connaît parfaitement le dossier pour avoir vécu désillusions sur désillusions dans le désert de Tindouf, peut être un bon avocat de la solution d'autonomie et œuvrer pour le ralliement d'autres “égarés“. Ne sait-il pas mieux que quiconque que le Polisario n'est qu'un leurre et une marionnette qu'Alger manipule à sa guise ? Rejoint juste après son retour au bercail par sa femme et ses enfants via la Mauritanie, le commandant Ayoub respire aujourd'hui l'air frais de son pays avec la sensation de vivre une belle renaissance.