Le Centre antipoison livre ses derniers chiffres Les intoxications au monoxyde de carbone tuent chaque année. Il y a un peu plus de 15 jours, quatre membres d'une même famille ont trouvé la mort à Ifrane. Ces personnes ont été asphyxiées dans une maison d'hôtes, à la suite d'une fuite de gaz provenant d'un chauffe-eau. Cette famille originaire de Mohammedia était en séjour à Ifrane pour passer les vacances de l'Aïd Al Mawlid. Les intoxications au CO sont fréquentes dans notre pays comme l'attestent les derniers chiffres du Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM) qui font état de 2.828 cas d'intoxication en 2015 contre 2.680 en 2014. Rachida Aghandous, ingénieur d'Etat chargée du dossier des intoxications au monoxyde de carbone au Centre antipoison, indique : «On ne peut pas parler d'une augmentation des intoxications dans la mesure où les gens sont de plus en plus sensibilisés au danger. Chaque année nous menons davantage d'actions de sensibilisation pour pousser les gens à déclarer les cas d'intoxication au sein du centre». Le CAPM a notifié 7 décès en 2015. Les intoxications au CO sont très fréquentes en période de froid. Un pic est observé durant les mois de décembre et janvier. La grande majorité des cas d'intoxication a été observée en hiver. Parmi les appareils incriminés, les chauffe-eau à gaz figurent en première place. Viennent ensuite les chauffages à gaz et les dispositifs de chauffage traditionnels, à savoir le brasero «kanoun». Quant aux régions les plus touchées par ce type d'intoxication, la région de Meknès-Tafilalet-Al Hoceima arrive en tête suivie de Tanger-Tétouan et de Tadla-Azilal. Le Centre antipoison relève que la majorité de ces intoxications ont lieu à domicile (98,2%). Quant aux causes, Mme Aghandous précise que «la circonstance accidentelle survient dans 100% des cas. Les accidents résultent de la mauvaise évacuation des produits de combustion, de l'absence d'aération dans la pièce où est installé l'appareil ainsi que de la mauvaise utilisation des appareils de chauffage». Le principal danger réside dans le fait que le monoxyde de carbone ne se reconnaît ni par l'odeur ni par la couleur. Il s'agit d'un gaz asphyxiant indétectable : il est invisible, inodore et non irritant. «L'intoxication au monoxyde de carbone se produit après l'inhalation de ce gaz, issu de la combustion des matières organiques dans des conditions d'apport insuffisant en oxygène, ce qui empêche l'oxydation complète en dioxyde de carbone», explique Mme Aghandous. Il faut bien comprendre que lorsqu'une personne respire du monoxyde de carbone, ce gaz entre dans son sang et y prend la place de l'oxygène. Cela endommage les tissus et peut être très dangereux pour la santé. Maux de tête, nausées, vomissements, sont les symptômes qui doivent alerter. Mme Aghandous fait remarquer que les effets d'une intoxication varient selon plusieurs paramètres, à savoir la quantité de monoxyde de carbone dans l'air, la durée de l'exposition de la personne au monoxyde de carbone, la sensibilité de la personne aux effets de ce gaz et l'état de santé de la personne. Ainsi, les femmes enceintes, les enfants ou les personnes souffrant de problème cardiaque sont plus sensibles et peuvent être intoxiquées plus rapidement que les autres.