Intoxication au monoxyde de carbone Chaque année, et plus particulièrement en hiver comme c'est le cas actuellement, des centaines de citoyens sont victimes d'intoxications au monoxyde de carbone, et plusieurs décès sont malheureusement répertoriés. En cause, le kanoun et les appareils de chauffage à gaz. Cette situation est d'autant plus inacceptable qu'un simple entretien annuel des appareils de production de chauffage et d'eau chaude sanitaire pourrait suffire pour en éliminer les principales causes. Elle montre également l'importance d'une ventilation en bon état de fonctionnement, régulièrement nettoyée et non obstruée. Une prise de conscience et des gestes simples sont à même de réduire sensiblement ces accidents parfois dramatiques. L'hiver s'annonce rigoureux cette année. Aux averses de pluie qui ont atteint des niveaux records, aux chutes de neige sur les hauteurs, il faut ajouter le vent glacial qui lui aussi est de la partie. Tous ces éléments réunis interagissent et provoquent une diminution des températures qui, par endroits, passent sous zéro. Nos maisons, nos lieux de travail, ne sont pas épargnés. Il en est de même pour la température de notre corps qui est normalement de 37°. Mais pour aller au travail ou pour faire nos courses, on est obligé de sortir. C'est là que l'on est confronté au froid, à la température basse et aux risques inhérents au froid. Pour sortir, il faut adapter son habillement à la température extérieure. Il faut savoir que les parties du corps qui perdent de la chaleur sont la tête, le cou, les mains et les pieds, toutes ces parties de notre corps doivent faire l'objet d'attention et doivent être bien couvertes. Selon les moyens des uns et des autres, mais aussi des goûts, il y a toute une panoplie de vêtements bon marché qui peuvent rendre service en vous protégeant du froid et vous réchauffer en ce moment. Chapeau ou bonnet, cache-nez, gants en laine, manteau, djellaba, chaussures chaudes vont permettre de limiter la déperdition de chaleur. Il ne faut non plus hésitez à porter plusieurs vêtements superposés, il ne faut pas oublier que le froid est un ennemi. A l'intérieur de la maison, on a parfois l'impression que c'est un frigidaire. Alors on cherche à chauffer pour essayer de maintenir une température ambiante à un niveau convenable (19°C ou 20°C). Il est évident que toutes les maisons n'ont pas leur cheminée, ou poêle à bois, chacun tente du mieux qu'il peut, en fonction de ses moyens, de se chauffer. L'important, c'est que les appareils de chauffage qui sont utilisés, doivent être en bon état de fonctionnement et ne pas être la cause directe d'une intoxication au monoxyde de carbone qui sont très fréquentes en hiver. Le centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc, a relevé qu'en 2008, le monoxyde de carbone a entraîné la mort de 66 personnes. En 2010, 1.534 cas d'intoxications par le monoxyde de carbone, dont 29 décès au Maroc, en cause le «kanoun» et les chauffages à gaz constituent les principales causes d'intoxication au monoxyde de carbone. Une cause fréquente de mortalité L'intoxication au monoxyde de carbone (CO) constitue un accident fréquent, grave, mortel. C'est la première cause des intoxications automnales et hivernales au Maroc, surtout par grand froid comme c'est actuellement le cas. Les principales sources de ces intoxications sont le chauffage au gaz, au fioul ou au charbon, les chauffe-eau au gaz, les braseros (kanoune).... Ce qui est regrettable et malheureux, c'est que chaque année plusieurs personnes décèdent à la suite de l'inhalation du monoxyde de carbone qui est dégagé par des chauffe-eau à gaz. La plupart de ces décès sont imputables au manque de vigilance, aux appareils (chauffe eau et chauffage) de mauvaise qualité, à la défectuosité de l'installation et au manque d'aération. Des drames fréquents sont enregistrés chaque année. Les chauffe-eau à gaz font plusieurs victimes et le gaz butane est à l'origine de nombreux décès. Au mois de décembre 2013 à Fès, ce sont quatre membres d'une même famille, le père, la mère et deux petits enfants (une fillette et un garçon) qui ont trouve la mort. En cause, le gaz butane. A Rabat trois membres d'une même famille avaient trouvé la mort au mois de février 2013, là aussi à cause du gaz butane. Au mois de novembre 2013 à Kenitra, c'est un enfant de 3 ans qui est décédé à la suite d'une fuite de gaz butane. Le dimanche 5 janvier 2014, une femme, sa mère et sa petite fille ont trouve la mort, chez eux à Ouled Tayma (province de Taroudant), a cause d'une «fuite de gaz butane». Ce ne sont malheureusement pas les seules victimes de ce fléau, car plusieurs personnes décèdent chaque année à la suite d'intoxication au monoxyde de carbone. Toutes les couches de notre population (riches, pauvres) sont concernées par les intoxications oxycarbonées, même si les conditions de précarité sociale et financière sont des facteurs aggravants et que ce sont les plus apurés qui sont victimes de ces intoxications au monoxyde de carbone. Un tueur silencieux Le monoxyde de carbone est un gaz inodore et non irritant qui est difficile à détecter. Produit lors d'un mauvais fonctionnement d'un appareil de chauffage soit par gaz, fioul, charbon, le monoxyde de carbone se fixe sur les molécules du sang responsables du transport de l'oxygène. Lors d'une intoxication massive, la personne meurt asphyxiée parce que son sang ne peut plus fixer l'oxygène. Qualifié à raison de tueur silencieux, le monoxyde de carbone provoque toujours des intoxications mortelles sans prévenir. L'intoxication qu'il provoque ne se manifeste pas non plus par des signes annonciateurs. Plus que cela, elle occasionne des troubles de conscience qui empêchent la victime de sortir de l'ambiance contaminée. On comprend dès lors mieux pourquoi ce genre d'intoxication est souvent fatal. Les signes qui doivent alerter sont souvent les mêmes en cas d'intoxication au monoxyde carbone. On relève des maux de tête et des nausées accompagnés de fatigue, se sont les premiers symptômes décelables, dans la durée (en quelques minutes) ces signes précurseurs peuvent déborder rapidement sur un coma, voire le décès. Il est donc important d'agir vite en cas de suspicion d'intoxication en aérant immédiatement le local, ouvrir toutes les fenêtres et portes, évacuer à l'extérieur les personnes atteintes, avertir la protection civile ou les pompiers, car la prise en charge des personnes intoxiquées doit intervenir rapidement, dès les premiers symptômes, et peut nécessiter une hospitalisation spécialisée. Malheureusement, chaque hiver charrie son lot de victimes et les résultats fournis par le centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc sont loin d'être exhaustifs. Ce qu'il faut retenir et avoir toujours présent à l'esprit, c'est que nul n'est à l'abri face à ce sournois poison qui cohabite quotidiennement avec nous et, devant ce risque non négligeable, qui tue des dizaines de personnes par an au Maroc et qui est aussi une cause de handicaps à vie de nombreux citoyens. La seule parade reste la vigilance permanente par l'entretien et l'aération des espaces confinés et ne jamais laisser un Kanoun dans la pièce ou l'on dort. Moyens de prévention Quelques gestes simples permettent d'éviter les intoxications au monoxyde de carbone : une vérification annuelle des installations par un professionnel : chaudières, chauffe-eau et chauffe-bains, cheminées, inserts et poêles, conduits d'aération. Une aération quotidienne des bâtiments, même en hiver, tout en veillant à ne jamais boucher les entrées d'air ; Un ramonage mécanique des conduits et cheminées au moins une fois par an. Il est également essentiel : ne pas utiliser pour se chauffer des chauffages d'appoint en continu (ils ne sont pas raccordés à l'extérieur et doivent être utilisés dans des pièces ventilées) ou des appareils non destinés à cet usage (réchauds de camping, panneaux radiants, fours, braseros, etc.) ; ne pas utiliser, en intérieur, un groupe électrogène. Il est important d'être d'autant plus vigilant lors d'intempéries exceptionnelles, de grands froids, car les appareils sont davantage sollicités et leur fonctionnement perturbé. En cas de suspicion d'une intoxication au monoxyde de carbone (maux de tête, nausées, vomissements...) : aérez immédiatement les locaux en ouvrant portes et fenêtres, arrêtez vos appareils à combustion si possible, évacuez les locaux et bâtiments, n'achetez pas les appareils de marques inconnues, ne jamais laisser un Kanoun à l'intérieur de la pièce où vous dormez. Pour terminer, ayons tous une pensée pour nos concitoyens qui n'ont pas de toit, ceux que l'on désigne SDF, celles et ceux que la vie n'a pas gâté et qui sont sans-abris, ceux qui vivent dehors qui n'ont pas de repas chaud, pas de couvertures douillette, pas de chauffage, de cheminée, et qui passent leur nuit sur des cartons par ce froid glacial, un grand nombre de ces déshérités, de ces pauvres malheureux ne passeront pas cet hiver.