L'inhalation du monoxyde de carbone dégagé par les chauffe-eau à gaz tue chaque année. Selon le bulletin de Toxicovigilance du troisième trimestre 2009, le Centre antipoison a reçu 312 cas d'intoxications au CO dont 7 décès. Les chauffe-eau à gaz font chaque année plusieurs victimes.Dimanche dernier, quatre membres d'une même famille: une femme de 65ans, deux jeunes filles âgées de 18 et 21 ans et un bébé d'1 an ont étéretrouvés morts asphyxiés à Fès. La cause : une fuite de gaz butaneprovenant d'un chauffe-eau. Le père âgé de 42 ans et son fils de 26 ansont été hospitalisés au centre hospitalier CHU-Hassan II de Fès dans unétat comateux. «Les chauffe-eau à gaz et les dispositifs de chauffagetraditionnels à savoir le brasero «kanoun» constituent les principauxfacteurs de risque d'intoxication au monoxyde de carbone», affirmeRachida Aghandous, ingénieur d'État chargée du dossier desintoxications au monoxyde de carbone au Centre antipoison. Etd'ajouter: «On ignore le nombre de décès dû à l'inhalation de gaz dansla mesure où nous recevons des fiches de déclaration des casd'intoxications des différentes délégations médicales du Royaume danslesquelles sont mentionnés les cas et décès aux intoxications au CO demanière générale. En 2008, nous avons enregistré 1488 casd'intoxications au CO dont 14 décès». Selon le bulletin deToxicovigilance du troisième trimestre 2009, le Centre antipoison areçu 312 cas d'intoxications au CO dont 7 décès. Les adultesreprésentent 71% des cas avec une prédominance du sexe féminin (ratiode 0,45). Ceci pourrait être expliqué par le fait que la majorité desfemmes marocaines au foyer ne sont pas sensibilisées aux risques liés àcertaines pratiques à risque. La majorité de ces intoxications, àsavoir 96,8%, ont lieu à domicile. Le monoxyde de carbone ne sereconnaît en effet ni par l'odeur, ni par la couleur et l'intoxicationqu'il provoque ne se manifeste pas non plus par des signesannonciateurs. Plus que cela, elle occasionne des troubles deconscience qui empêchent la victime de sortir de l'ambiance contaminée. Au Maroc, seulement 11.488 cas d'intoxications au CO ont étéenregistrés pendant 17 ans. Un chiffre qui est loin de refléter laréalité. Selon le Centre antipoison, plusieurs raisons expliquent cettesituation: la sous notification des cas par les professionnels desstructures de santé publique, l'absence de notification des CHU,l'existence de cas qui décèdent à domicile ou en cours de route avantmême que la victime ait pu être hospitalisée, présence de casasymptomatiques n'ayant pas recours à la consultation. Lesintoxications au CO sont très fréquentes en période de froid. «Un picest observé durant le mois de décembre et janvier. La grande majoritédes cas d'intoxications au CO ont été observés en hiver avec 39,4%suivi de l'automne avec 28,5%», souligne Mme Aghandous. Dans la grandemajorité des cas, les décès sont causés par la défectuosité del'installation et le manque d'aération. «Il faut sensibiliser davantageles citoyens sur les moyens de prévention et surtout les inciter àaérer leurs maisons», recommande Mme Aghandous. Le Centre antipoisoninsiste sur la nécessité de développer une stratégie de lutte intégréeet dynamique impliquant plusieurs départements, à savoir la Santé,l'Éducation, le ministère de l'Industrie et du Commerce, mais aussi lesassociations des consommateurs, les vendeurs des appareils de chauffageet de chauffe-eau à gaz , les architectes et les entrepreneurs.