Le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, Mohand Laenser, estime que le ministère ne connait aucun problème. Entretien. ALM : On a l'impression que toutes les politiques en matière de pêche hauturière préparées par le ministère des pêches sont vouées à l'échec. Pourquoi ? Mohand Laenser : Non, pas du tout. Je ne suis pas d'accord avec vous. Je dirais même qu'au contraire, les choses commencent à s'améliorer. Aujourd'hui, nous avons un plan d'aménagement clair qui détermine les droits et les obligations de chacun des intervenants dans la pêche hauturière. Après une période de repos biologique nécessaire pour la sauvegarde de la ressource, les armateurs ont commencé à pêcher. Ils sont maintenant en train de pêcher. En d'autres termes, le secteur de la pêche se porte bien. Mais il subsiste toujours le problème des pêches illégales. Quelles sont les mesures entreprises par votre département à ce sujet ? Effectivement, le phénomène des pêches clandestines existe. Le contrôle est exercé non seulement par les services extérieurs du ministère des Pêches maritimes, mais également par les éléments de la Marine royale et de la Gendarmerie royale. A ce titre, je tiens à vous assurer que des arrestations de pêcheurs illégaux ont été effectuées. Nous avons dressé plusieurs PV dans ce sens. Mais ne pensez-vous pas que ce phénomène, qui menace sérieusement la ressource en poulpe, mérite des mesures beaucoup plus draconiennes que la rédaction d'un PV ? Ecoutez, nous sommes, au Maroc, dans un Etat de droit. Le rôle des contrôleurs est justement de dresser des PV, de confisquer les bateaux utilisés dans la pêche clandestine et de déferrer les contrevenants à la justice. C'est cette dernière qui décide de la peine à appliquer. En clair, nous appliquons la loi à la lettre. Comment se fait-il que vous n'ayez pas supprimé le principe de transférabilité des quotas ? En fait, ce principe existe bel et bien. Mais ce qui est sûr, c'est qu'aucun armateur n'a jugé utile de l'utiliser dans l'ancienne campagne de pêche. Ceci étant, je ne vois pas pourquoi je devrais, en tant que ministre chargé de ce secteur, de le supprimer. Les marins pêcheurs estiment que ce principe porte sérieusement atteinte à leur droit au travail et, partant, met en danger leurs familles ? C'est leur point de vue et je le respecte. Mais je ne suis pas le ministre des marins. J'ai la responsabilité de tout un secteur avec l'ensemble de ses composantes. Par ailleurs, cet argument ne tient pas debout car comme je l'ai expliqué, les armateurs n'ont pas eu besoin de transférer leurs quotas sur un seul bateau. Et enfin, même si ce problème se pose, il doit être réglé entre les marins et leurs employeurs. On a l'impression que vous évitez de vous impliquer, outre mesure, dans le secteur de la pêche, car dans ce secteur, plusieurs ministres avant vous ont échoué ? Moi, je n'ai absolument aucune crainte à ce sujet. J'assume ma responsabilité dans le secteur des pêches maritimes comme je le fais au ministère de l'Agriculture. Bien évidemment, toute mission politique comporte des risques et des aléas. J'en suis conscient. Mais je suis également sûr qu'aucune carrière, qu'elle soit politique ou pas, ne se construit sans risques. L'essentiel c'est que l'action soit dirigée vers l'intérêt du pays et rien d'autre. Vous dites que vous considérez le département des Pêches maritimes comme celui de l'Agriculture. Pourtant, vous n'avez à votre actif aucune sortie médiatique sur le secteur de la pêche et vous veillez à ce que toutes vos décisions soient prises dans la discrétion absolue… Au contraire. Je prends mes décisions après plusieurs consultations avec les professionnels. La concertation est pour moi un principe sacro-saint. Pour ce qui est des sorties médiatiques, je n'en vois pas l'utilité. Je vous promets en tout cas que j'organiserais une conférence-presse quand cela sera nécessaire. Mais aujourd'hui, la gestion des affaires s'opère sans problèmes. Justement, après les séries de départs dans le ministère des Pêches, avec qui travaillez-vous maintenant ? Si vous voulez insinuer qu'il y a un vide quelconque au ministère, je vous réponds que non. Nous avons des intérimaires, mais nous comblons tous les postes vacants. Et les affaires courantes sont traitées par les directeurs et le secrétaire général. Quand un dossier nécessite mon intervention, il m'est immédiatement adressé.