Le ministère de la Pêche dans sa configuration actuelle ne sert à rien, sinon à cristalliser les mécontentements des professionnels du secteur et à payer une armada de fonctionnaires dont le travail n'est pas valorisé. Le ministère de la Pêche dans sa configuration actuelle ne sert à rien, sinon à cristalliser les mécontentements des professionnels du secteur et à payer une armada de fonctionnaires dont le travail n'est pas valorisé. Monsieur Agriculture, le MP Mohand Laenser s'est vu adjoindre, à l'occasion du dernier léger lifting gouvernemental, un portefeuille de la pêche dégarni : plusieurs directeurs sont partis depuis plusieurs années sans jamais être remplacés. Les deux principaux directeurs, ceux des pêches et des industries, ne disposent plus de la délégation de signature depuis le passage pour le moins incompréhensible de Taïeb Rhafès. Le successeur de ce dernier règne aujourd'hui sur un ministère stérile, sans cadres. Faut-il maintenir ce ministère avec tout ce qu'il coûte en termes de budget pour décréter juste les périodes de repos biologique à répétition et délivrer des autorisations pour le pélagique, les licences dans la pêche hauturière étant gelées ? De 1998 à aujourd'hui, le Maroc en est à son quatrième ministre de la Pêche issu chacun d'une couleur politique différente. Profitant du désordre qui règne en haute mer et des divisions qui minent la profession, les concernés ont navigué à leur guise en dehors de toute politique gouvernementale claire et rationnelle. On a eu droit au FFD Thami Khiyari qui concevait l'activité comme une lutte des classes (d'un côté les patrons et de l'autre les marins et les petits pêcheurs) avec un appui aux “ faibles“ pour lesquels il a créé un syndicat. Ensuite est venu le MNP Saïd Chbaâtou qui a fait une guerre sournoise aux armateurs de la pêche hauturière qu'il soupçonnait de gagner beaucoup d'argent tout en fixant un prix plancher pour les prises. Et finalement Driss Jettou a sorti de son chapeau le fameux Rhafès qui a jugé anti-libérale l'action de fixation des prix de son prédécesseur, décidant de ne rien entreprendre étant convaincu que le secteur est peuplé de requins dont il faut se méfier. Après avoir eu un ministre “plein“ dans un vide sidérant, le département a été rattaché à l'Agriculture comme pour mieux noyer un poisson qui dérange. Voilà un secteur stratégique et économiquement important, mais que les autorités semblent incapables de doter d'une stratégie fiable et durable fondée sur des règles de bonne gestion des ressources halieutiques. Interrogez n'importe quel opérateur privé, il vous dira que le département de tutelle est en panne. Si cela se trouve, le ministre lui-même n'est pas loin de penser la même chose. Alors qu'est-ce qu'il faut faire pour qu'il marche ? La solution réside dans la dissolution de ce ministère et son remplacement par une agence de régulation d'accès à la ressource. Cette solution offre à la fois l'avantage de sortir la pêche des considérations partisanes qui ont longtemps compromis le développement du secteur. Et de confier les rênes de ce dernier à des experts capables dans une démarche de planification et de concertation de reformuler un nouveau contrat de pêche basé sur des données scientifiques pour l'ensemble de la filière, hauturière, côtière et artisanale. Et s'il faut réduire l'effort de pêche qui confine au pillage du fond marin, il faut que cela engage l'ensemble des intervenants. Il est urgent de se dépêcher.