Dans la nouvelle mission qui est la sienne, le Premier ministre désigné joue son image et sa crédibilité plus que les partis qui seront représentés dans son futur cabinet. Et il en est trop conscient. Explications. Le black-out total enveloppe les composantes du futur gouvernement ainsi que les noms des ministrables potentiels. Même les chefs des partis, pressentis pour participer dans le cabinet Jettou, semblent perdus. Après avoir remis au Premier ministre désigné conformément à sa demande les listes de leurs candidats, ils en sont réduits à attendre les résultats des consultations de l'homme-orchestre qu'est devenu Driss Jettou. Même les membres du gouvernement sortant ne sont pas dans le secret des dieux, eux, qui se retrouvent ces derniers jours avec leur collègue de l'Intérieur dans le cadre des dernières activités du cabinet Youssoufi. Résultat : c'est la rumeur, relayée souvent par ceux qui désirent être ministres, qui prend le dessus. On est loin des expériences qui avaient présidé à la formation des précédents gouvernements où les chefs des partis étaient associés directement au choix des ministres du début jusqu'à la fin. Dans un jeu de négociations et de concessions mutuelles, ils pouvaient eux-mêmes choisir leurs candidats à la ministrabilité et les départements qu'ils convoitent. Avec Driss Jettou, cette époque semble aujourd'hui révolue. Tout se passe en effet comme si l'intéressé voulait tenir les leaders des partis concernés à distance de la combinaison du gouvernement. En un mot, M. Jettou fait du choix des ministrables sa propre affaire ainsi que de l'architecture du gouvernement. C'est pour cela qu'il est en train de prendre tout son temps pour mettre en place une équipe de choc dont les membres triés sur le volet sont à même de l'accompagner efficacement dans son action réformatrice tous azimuts avec de nombreux défis à relever dans nombre de domaines. Dans ce cas, les patrons des partis ne seront consultés que pour donner leur aval sur le choix des heureux élus dans une nouvelle démarche consensuelle. Une chose est sûre : Driss Jettou engage son nom et joue sa crédibilité dans la nouvelle mission qui est la sienne. Condamné à réussir, il ne le sait que trop bien. C'est comme un entraîneur qui doit mettre sur pied une sélection qui gagne. Faute de quoi, il s'expose, plus que les joueurs, aux critiques acerbes du public et des observateurs avec le risque de laisser des plumes. Visiblement, M. Jettou ne veut pas s'accorder un droit à l'erreur et refuse d'être dans cette situation inconfortable. C'est pour cela qu'il tient absolument à faire les choix qui cadrent avec le sens de sa responsabilité de chef de gouvernement.