Le meneur des kamikazes tehéchènes est le neveu d'un chef de guerre réputé pour sa cruauté. Il exige la fin de l'occupation russe. Plusieurs étrangers, dont des Américains et des Européens, sont parmi les otages. «Nous vous demandons d'arrêter la guerre en Tchétchènie. Vous avez nos vies sur la conscience», ont déclaré les otages dans une pétition adressée au président russe Vladimir Poutine et lue à la télévision TVS par un otage autorisé à sortir par le commando. «Nous vous demandons de prendre une décision raisonnable, arrêter la guerre en Tchétchènie. Les guerres, ça suffit, nous voulons la paix. Nous sommes aujourd'hui entre la vie et la mort. Vous avez nos vies sur la conscience. Trouvez une solution pacifique ou trop de sang coulera », a déclaré l'otage qui a lu la pétition. L'opération a commencé mercredi lorsqu'une cinquantaine de Tchétchènes, dont la moitié est constituée de femmes, armés de grenades, de fusils et d'explosifs ont retenu en otage près d'un millier de spectateurs à l'intérieur d'un théâtre de Moscou. Ils menaçaient de tout faire sauter si la police donnait l'assaut. Ils exigeaient l'arrêt de la guerre en Tchétchènie et le retrait de l'armée russe. Les preneurs d'otages se décrivent comme un « commando-suicide » composé de kamikazes et leurs menaces sont claires : « Il y a plus de 1.000 personnes à l'intérieur du théâtre. Nul n'en sortira vivant et tous mourront avec nous à la moindre tentative de prise d'assaut du bâtiment », a déclaré dès le début de l'opération le chef du commando. Ce dernier, Movsar Baraïev, est le neveu d'Arbi Baraïev, un chef de guerre tchétchène redouté et cruel tué l'année dernière. Le chef du commando de Moscou est un rebelle encore peu connu. Âgé d'environ 25 ans et originaire d'un village situé à une vingtaine de km au Sud de Grozny, il n'avait encore jamais mené d'opérations d'envergure contre les troupes russes. Selon le Service fédéral de sécurité (ex-KGB), Movsar Baraïev a repris sous son commandement, en juillet 2001, la bande son oncle qui se réclame du Wahhabisme et compte jusqu'à 300 hommes surentraînés et surarmés. Elle est connue pour sa violence et sa cruauté et s'était spécialisé dans les enlèvements, ne libérant ses otages que contre rançon sinon leur tête est tranchée. Plus de soixante ressortissants étrangers figuraient parmi les otages. « Il n'y a pas moins de 65 étrangers originaires de 18 pays », a déclaré le maire de Moscou qui a parlé de citoyens néerlandais, bulgares, canadiens, australiens, lettons, moldaves, yougoslaves, turkmènes, azerbaïdjanais, arméniens, géorgiens, américains, allemands, britanniques, suisses et ukrainiens. Des membres du FBI, la police fédérale américaine, se trouvaient dans les environs du théâtre moscovite tout au long de la crise. Le commando a affirmé qu'il exécuterait dix otages pour chacun des siens qui sera tués. Ce drame est une humiliation pour le président russe, Vladimir Poutine, dont la décision de renvoyer l'armée en Tchétchènie, prise en octobre 1999 alors qu'il était premier ministre, avait contribué à son ascension à la présidence. Sa politique de la manière forte en Tchétchènie lui a valu depuis lors d'être l'homme politique du pays le plus respecté. Le président tchétchène, Aslan Maskhadov, dont Moscou ne reconnaît plus la légitimité, n'est pas derrière cette opération affirme un porte-parole officiel. Maskhadov n'avait pas fait de déclaration sur cette prise d'otages, mais ses proches l'ont condamné sévèrement. À Moscou, le trafic automobile sur les grandes routes a été quasiment paralysé aux entrées de la ville par des barrages policiers, alors que des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises ailleurs. Simultanément, les sites nucléaires, les aéroports et les chemins de fer ont été isolés, ainsi que les écoles et les maternelles. Des policiers, renforcés par des membres d'unités spéciales, ont bloqué la plupart des voies avec des barrières métalliques. Les voyageurs à la peau basanée sont priés de sortir de leur véhicule interdit d'entrée dans Moscou.