Au moins 400 personnes, dont deux cents enfants, sont pris en otage depuis mercredi par un groupe armé dans une école d'Ossétie du nord, province du sud de la Russie près de la Tchétchénie. L'école, un grand bâtiment de trois étages, accueille entre 400 et 850 élèves. D'après les agences de presse russes, les ravisseurs, qui pourraient être au moins une vingtaine et dont certains sont bardés de ceintures d'explosifs, exigent la libération des combattants tchétchènes détenus par les autorités russes en Ingouchie voisine. Les assaillants, vêtus de noir et portant des masques, étaient arrivés au moment où prenait fin la cérémonie de la rentrée des classes dans la cour de l'établissement scolaire, jour où les parents accompagnent généralement leurs enfants à l'école. Selon le ministère de l'Intérieur, une fusillade a éclaté durant une heure autour de l'école lorsque la police est arrivée sur place. Au moins trois personnes ont été tuées et 11 blessées. Le ministre de l'Intérieur de l'Ossétie du nord, Kazbek Dzantiev, a affirmé que le commando menaçait de « tuer 50 enfants pour chacun de leurs combattants tué et en tuer 20 pour chaque blessé », a rapporté Itar-Tass. L'agence de presse RIA affirme, quant à elle, que les ravisseurs ont emmené leurs otages dans le gymnase de l'école, qu'ils ont miné. Un autre responsable du même ministère cité par la même agence a déclaré qu'un corps se trouvait près de l'entrée du bâtiment et deux sur une route non loin. Il n'a toutefois pas précisé s'il s'agissait d'otages. Le chef du gouvernement d'Ossétie du nord, Mikhaïl Chatalov, a précisé que 11 personnes avaient été blessées lors des tirs effectués au début de la prise d'otages. Une cinquantaine d'écoliers, qui s'étaient apparemment cachés lorsque les assaillants ont fait irruption, ont profité de la fusillade pour s'échapper. Le commando a menacé de tout faire sauter si les forces de l'ordre encerclant le bâtiment avec des véhicules tentaient une quelconque intervention. Cette prise d'otages survient au lendemain de la mort de 10 personnes dans un attentat suicide à Moscou et un peu plus d'une semaine après l'explosion de deux avions de ligne en Russie. Moscou est confrontée à une nouvelle vague de terrorisme, notamment depuis l'élection d'Alou Alkhanov, le nouveau président tchétchène pro-russe. Ces deux événements ont été revendiqués par un groupe islamique disant soutenir les musulmans tchétchènes combattant l'autorité russe. D'un autre côté, l'agence Interfax fait état d'une autre prise d'otages qui risque d'avoir lieu dans une autre école du sud de la Russie. Une information qui n'est tout de même pas mentionnée par les autres agences de presse russes. Une question se pose avec acuité cependant. Serait-ce le retour du spectre des tueries en Russie ? Dans ce sens, il faut rappeler que lors de la première guerre de Tchétchenie qui a eu lieu entre 1994 et 1996, Tchétchènes et Russes avaient convenu d'un cessez-le-feu en juin 1995. Juste à l'issue d'une sanglante prise d'otages sous la direction du chef de guerre Chamil Bassaïev à Boudennovsk (sud-ouest de la Russie), et qui avait fait 150 morts. En janvier de l'année suivante, deux mille personnes, prises en otages par un commando tchétchène au Daguestan (république russe également limitrophe de la Tchétchénie), ont été conduites à Pervomaïskaïa, à la frontière tchétchène, où les forces russes ont lancé un assaut qui a fait entre 50 et 100 morts. Le second conflit a éclaté en octobre 2002. Cette fois-ci un commando tchétchène a pris en otages quelque 800 personnes dans le théâtre de la Doubrovka à Moscou. Au bout de deux jours et demi, l'assaut des forces spéciales russes fait 129 morts parmi les otages, la plupart asphyxiés par le gaz employé lors de l'opération. Et voilà que l'été 2004 renoue avec l'effusion du sang d'innocents. Le président russe, Vladimir Poutine, qui a interrompu ses vacances pour la seconde fois, est rentré de Sotchi (sud-ouest, sur la mer Noire) à Moscou, quelques heures après le début de la prise d'otages.