Ayant simulé le rapt de l'enfant de ses employeurs, Ghizlane la domestique lui a fait avaler de l'acide chlorhydrique et l'a jeté dans un puits. Elle est condamnée à la réclusion perpétuelle. Lundi 21 octobre 2002, à la salle d'audience de la chambre criminelle près la cour d'appel de Casablanca. C'est le procès de la domestique qui a simulé le rapt de l'enfant de ses employeurs pour leur demander une rançon. Elle lui a fait avaler de l'acide chlorhydrique et l'a jeté dans un puits (voir Aujourd'hui Le Maroc n°98). Mustapha Fares, président de la cour a reporté le dossier à l'audience de l'après-midi. Il avait plusieurs dossiers à débattre ce matin. Le moment venu, l'accusée entre dans la salle d'audience à pas lents. Elle s'appelle Ghizlane El Idrissi, dix-neuf ans. Pendant que le président examinait d'autres dossiers, elle fermait les yeux. Son dossier n° 452/05/02 a été ouvert. Les accusations sont lourdes; tentative de vol qualifié, kidnapping, empoisonnement, homicide volontaire et complicité à l'adultère. A côté d'elle, à la barre des accusés, l'époux de son amie Khadija, Mohamed Janabi, quadragénaire. Il est accusé d'adultère. «J'ai rencontré la première fois la mère de Hamza au hammam du quartier, à la route Ouled Ziane… Elle m'avait proposé de travailler chez elle et j'ai accepté…elle me traitait comme un membre de sa famille…et Hamza était très attaché à moi… » affirme-telle paisiblement à la cour. «Mais pourquoi tu as commis tout cela ?» lui demande le juge. «J'aime Brahim et je voulais me marier avec lui…Il n'a pas d'argent et quand j'ai entendu mon employeuse parler de la vente d'une partie de son héritage, d'un hammam contre 450.000 dirhams, j'ai pensé à m'octroyer une partie du magot…» répond-elle sans manifester le moindre regret au point qu'elle a souri sans répondre lorsque le juge l'a interrogée : «Comment conçois-tu qu'une femme qui veut tuer un enfant, innocent, pour l'amour d'un homme peut dormir avec le mari de son amie ?». L'assistance est restée bouche-bée devant ses aveux. Elle n'a pas pu imaginer qu'elle avoue, tout en restant impavide, qu'elle avait pris le petit Hamza de la maternité, l'a emmené avec elle chez un ami de son copain au quartier Lamia, à Hay Mohammadi, puis chez son amie Khadija, au quartier Al Qaria, à Salé, de la tromper avec son époux, de se rendre par la suite à Khémisset. «J'ai remarqué que Hamza se souvient de tous les lieux et les maisons que nous avons fréquentés…Donc je devais me débarrasser de lui…» affirme-t-elle à la cour. Elle a acheté un petit flacon d'acide chlorhydrique et elle a conduit le petit enfant au douar Labiratte, province de Khémisset. Et près d'un puits, elle a donné une dose de l'acide à l'enfant qui commence à hurler et à vomir. Puis elle l'a poussé violemment dans le puits pour se retourner comme si de rien n'était. «Tu ne regrettes pas ton acte contre un enfant qui t'aimait?» lui demande le juge. Ghizlane ne répond pas et retourne à sa place pour qu'elle entende le représentant du ministère public, qui a requis la peine de mort, et la défense qui a réclamé le bénéfice des circonstances atténuantes. Et la cour l'a condamnée à la réclusion perpétuelle. Quant à Mohamed, l'époux de son amie, il a été condamné à un an de prison ferme.