Après un quart de siècle d'absence, le Parlement bahreini doit faire sa réapparition à l'issue des élections législatives organisées jeudi dans le Royaume. Un pas de plus vers la démocratie. Le roi de Bahrein Hamad Ben Issa Al-Khalifa a exhorté lundi son peuple à venir voter en masse ce 24 octobre, pour bâtir «un pays démocratique et libre». Annoncées en février dernier, ces élections législatives entendent rétablir le Parlement dissous en 1975, deux ans après son élection, pour «obstruction» à l'action du gouvernement. Elles seront suivies, le 9 mai prochain, par un scrutin communal, échéance qui s'inscrit elle aussi dans le cadre des réformes démocratiques lancées par ce petit Etat du Golfe il y a trois ans. A la mort de son père, en mars 1999, Cheikh Hamad Ben Issa El Khalifa était devenu le nouvel Emir de l'Etat insulaire. Ce descendant d'une dynastie à la tête du Bahrein depuis 1783 avait alors entrepris des avancées démocratiques considérées comme révolutionnaires par plusieurs spécialistes des droits de l'homme. Cette évolution a connu un tournant décisif lors du référendum sur la révision de la Constitution en février 2001. Approuvé par 98,4% des voix, ce vote a permis la création d'une nouvelle charte et, donc de nouvelles réformes. Il a aussi été accompagné de la libération de tous les prisonniers politiques, du droit au retour des exilés politiques et de l'abolition des lois dites d'exception. En février dernier, l'Emir Cheikh Hamad Ben Issa Al-Khalifa est quant à lui devenu le «roi Hamad» et a proclamé son pays monarchie constitutionnelle. Depuis plusieurs semaines, il a enfin demandé aux Bahreinis réfugiés à l'étranger de revenir dans le royaume. Il a multiplié et facilité toutes les naturalisations des exilés et de leurs familles. Dans son discours radio-télévisé lundi, le souverain a encore appelé les Bahreinis à «participer aux élections législatives pour choisir ceux qu'ils jugent plus à même d'assumer la responsabilité de les représenter fidèlement afin que leurs voix soient entendues clairement». «Le peuple du Bahrein a l'habitude de répondre à l'appel du devoir. Tout boycott ou non-participation serait un point négatif que les fils du Bahrein ne méritent pas», a-t-il ajouté. Le rétablissement du Parlement était la principale revendication de l'opposition lors des manifestations antigouvernementales qui ont fait au moins 38 morts entre 1994 et 1999. Aujourd'hui, quatre des 15 groupes politiques que compte le pays ont pourtant appelé au boycott du scrutin de jeudi. Parmi eux, le très influent mouvement islamiste, l'Association de l'entente nationale islamique (AENI). Non en lice, ces groupes étaient toutefois autorisés à soutenir des candidats au scrutin, une de leurs revendications. Aujourd'hui, ils protestent contre le système bicaméral prévu par la Constitution, et le principe d'égalité de pouvoir entre la future chambre élue - l'Assemblée nationale - et celle qui est nommée par le roi, la Shura (Conseil consultatif). Au total, 174 candidats sont en course pour 37 sièges à la Chambre des députés, qui en compte 40. Les trois autres sièges ont été attribués avant le scrutin, leurs occupants n'ayant pas rencontré de concurrents dans leur circonscription, selon les autorités.