Les chiffres de la «vulnérabilité à la pauvreté» restent plus importants dans le milieu rural (19,4%) même si le taux est en baisse dans le milieu urbain avec une incidence de 7,9%. Pauvreté, vulnérabilité et inégalités sociales, l'enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages du Haut-Commissariat au Plan a été dévoilée mercredi à Rabat. Réalisée auprès de 16.000 ménages entre juillet 2013 et juin 2014, l'enquête relate plusieurs aspects de la vie des ménages marocains tout en tenant en compte la différence entre le milieu rural et le milieu urbain. Le HCP vient de finaliser les grandes orientations de cette enquête de structure, qu'il effectue périodiquement. En effet, c'est la quatrième enquête sur la consommation des ménages. Celle-ci reste dans le même sillon que les enquêtes établies sur les activités informelles ou encore sur l'évolution des conjonctures dans les secteurs des ménages et des entreprises. Le niveau de vie a doublé Le revenu moyen annuel par habitant est de 15.900 dirhams en 2014 contre 8.300 dirhams en 2001. Le HCP est donc arrivé au résultat que le taux moyen annuel a progressé, en termes réels, de 3,5%, au cours de cette période, passant de 3,3% entre 2001 et 2007 à 3,6% entre 2007 et 2014. Malgré cette dynamique globale, la différence entre le monde rural et le milieu rural reste significative. Dans les deux périodes 2001 et 2007 d'une part et 2007 et 2014 d'autre part, le rythme d'accroissement était respectivement de 2,7 et 3,5% en milieu urbain et de 4,7 et 2,8% en milieu rural. Budget des ménages: L'alimentation prend moins de place Le poids du segment de l'alimentation est de moins en moins important dans le portefeuille des familles marocaines. L'autre chiffre important est donc celui du budget des ménages sur la consommation alimentaire. La part réservée à l'alimentation est passée de 41% entre 2001 à 37% en 2014. Une différence est observée entre le milieu rural et le milieu urbain, soit respectivement 47,3 et 33,3%. Toutefois selon les chiffres du HCP, les plus moins favorisés consacrent la moitié de leur budget à l'alimentation contre 26% seulement pour les plus aisés. Autres chiffres révélateurs, il s'agit de la qualité des produits alimentaires consommés. L'enquête présentée par le HCP révèle que celle-ci a tendance à s'améliorer. Les produits riches en calories tels que les céréales, sucres et produits sucrés laissent place aux produits riches en protéines comme les viandes, les poissons, les œufs et les produits laitiers. Pour les produits riches en protéines le taux est donc passé à 36% en 2014 contre 33% en 2001. Les biens et services de qualité, les plus prisés Une nouvelle donne s'ajoute aux dépenses des ménages. L'enquête dévoile que les Marocains orientent leur budget vers l'enseignement, la culture et les loisirs, plus les transports, l'hygiène et les soins médicaux. Ces dépenses couvrent 21,2% du budget global des ménages en 2014 contre 16,7% en 2001. Bien entendu, des différences subsistent entre le milieu rural et le milieu urbain selon les données du HCP. Avec des taux plus faibles pour l'enseignement pour les 10% plus pauvres et des taux plus élevés pour les 10% les plus riches de la population. La seconde catégorie dépense 24 fois plus que la première catégorie pour l'enseignement. S'agissant des loisirs, les plus aisés dépensent 105 fois plus que les plus démunis. La pauvreté est rurale Selon l'enquête, l'amélioration du niveau de vie se révèle dans le taux de pauvreté monétaire qui s'est réduit de près des deux tiers entre 2001 et 2014. Une amélioration qui se traduit également au niveau de la pauvreté multidimensionnelle passant de 25 à 6%. Les chiffres de la «vulnérabilité à la pauvreté» restent plus importants dans le milieu rural (19,4%) même si le taux est en baisse dans le milieu urbain avec une incidence de 7,9%. Toutefois, cette vulnérabilité est en baisse depuis puisqu'elle était de 30% en 2001. Disparités régionales en baisse Des régions plus pauvres que d'autres ? En effet, le HCP estime à «24 années environ la durée nécessaire pour atteindre, dans un scénario tendanciel, l'objectif d'une réduction de moitié des disparités régionales actuelles». Il apparaît donc que dans certaines régions la dépense annuelle de consommation par habitant est plus élevée, comparé à la moyenne nationale. Il s'agit des régions de Dakhla-Oued Eddahab avec 28.627 DH, Casablanca-Settat avec 19.006 DH, Lâayoune-Sakia El Hamra avec 17.729 DH, Rabat-Salé-Kénitra avec 17.717 DH, Tanger-Tétouan-El Hoceima avec 17.082 DH et la région de l'Oriental avec 15.972 DH. La seconde catégorie de région enregistre une dépense annuelle par tête d'habitant inférieure à la moyenne nationale. Ces régions sont celles de Drâa-Tafilat et Béni Mellal-Khénifra avec respectivement 11.923 DH et 11.745 DH. Leila Ouchagour (Journaliste stagiaire)