L'évolution du revenu par habitant, appréhendé par le PIB par tête aux prix constants, fait état d'une progression annuelle moyenne de l'ordre de 5,9% l'an entre 2001 et 2009. En terme nominal, le revenu moyen par habitant s'est établi en 2009 à 24741 dirhams contre 15798 en 2001, révèle le «tableau de bord social» élaboré par la DPEF (Direction des études et des prévisions financières). D'après cette publication, le revenu mensuel moyen des ménages marocains s'élève à 5.308 DH, un chiffre qui cache des disparités entre la ville et la campagne, où il avoisine les 6.124 et 3.954 DH respectivement, selon les résultats de l'enquête sur les revenus et les niveaux de vie des ménages 2006/2007 réalisée par le Haut commissariat au plan (HCP). Il ressort de cette enquête, réalisée sur un échantillon de 7.062 ménages, que près de 20% des ménages ont un revenu mensuel de moins de 1.930 DH, 40% moins de 2.892 DH, 60% moins de 4.227 DH et 80% moins de 6.650 DH. 50% des ménages urbains ont un revenu supérieur à 4.030 DH par mois, 50% des ménages ruraux ont un revenu de plus de 2.633 DH par mois. 20% des ménages s'accaparent 52,6% des revenus Le revenu mensuel moyen des ménages varie en fonction du niveau scolaire du chef du ménage, de son âge, de son sexe et de sa catégorie socioprofessionnelle, selon les résultats de cette enquête. Ainsi, le salaire moyen des chefs de ménage n'ayant pas été scolarisés s'élève à 4.356 DH, contre 4.990 DH pour ceux ayant été au cycle fondamental, 6.975 DH pour les chefs de familles ayant un niveau secondaire et 13.033 DH pour ceux ayant fait des études supérieures. Les ménages où le chef de famille est âgé de 15 à 24 ans ont le plus faible revenu, soit 3.244 DH contre 4.595 DH pour ceux âgés de 25 à 44 ans, 5.826 DH pour la tranche 45-59 ans et 5.620 DH pour les 60 ans et plus. Le revenu des ménages provient en grande partie du travail salarié et des activités indépendantes non agricoles (environ 63%). En milieu urbain, ce sont les salaires et les revenus des entreprises individuelles non agricoles qui constituent les principales sources de revenus des ménages (28%), alors que dans le milieu rural, les activités agricoles génèrent le plus de revenus pour les ménages (41%). Pour ce qui est de la concentration de la masse des revenus des ménages, il ressort de l'enquête que 20% des ménages ayant les revenus les plus élevés s'accaparent 52,6% de la masse totale des revenus, tandis que 20% de ceux ayant les revenus les plus faibles se partagent 5,4% de la masse totale des revenus. 40,6% des du budget vont aux dépenses alimentaires En tant qu'indicateur de mesure de niveau de vie, la dépense de consommation annuelle moyenne par personne (DAMP), exprimée en dirhams courants, est passée de 8280 DH en 2001 à 11 233 DH en 2007, soit un taux d'accroissement moyen de 5,1%. Cette amélioration a profité aussi bien au milieu urbain qu'au milieu rural. Ainsi la DAMP est passée de 10642 DH en 2001 à 13894 DH en 2007, en progression de 4,5% par an en milieu urbain. En milieu rural : elle est passée de 5288 à 7777 DH au cours de la même période, en progression de 6,5%. De ce fait, l'écart entre les dépenses dans les deux milieux de résidence s'est relativement réduit passant de 2 fois en 2001 à 1,8 fois en 2007. En matière de disparités sociales, l'examen de l'évolution de la concentration de la masse des dépenses, entre 2001 et 2007, montre que la répartition des dépenses est devenue légèrement plus inégalitaire. L'écart inter décile, est passé de 12,3 fois en 2001 à 12,7 fois en 2007. Cette progression des niveaux de vie a modifié la structure du budget des ménages au profit des consommations les moins satisfaites. D'une part, le poids, dans le budget total des ménages, de la consommation alimentaire a diminué de 41,3% en 2001 à 40,6% en 2007, au profit notamment du poste «transports et communications» (respectivement de 7,5% à 11,6%) ou encore de celui des «loisirs, culture et enseignement» (respectivement de 3,6% à 4,4%). Réduction durable de la pauvreté Cette amélioration globale du niveau de vie a réduit la pauvreté et la vulnérabilité de manière significative entre 2001 et 2007. Ainsi, la pauvreté est passée de 15,3% à 8,9% au niveau national (de 7,6% à 4,8% en milieu urbain et de 25,1% à 14,4% en milieu rural. La vulnérabilité, quant à elle, est passée de 22,8% à 17,5% au niveau national (de 16,6% à 12,7% en milieu urbain et de 30,5% à 23,6% en milieu rural). En terme d'effectif, si le nombre de personnes vivant au dessous du seuil de la pauvreté s'élève en 2007 à 2,8 millions personnes, il y a lieu de noter que, depuis 2001, 1,7 million de Marocains sont sortis de la pauvreté et 1,2 million ont échappé à la vulnérabilité. Notons enfin, qu'une nouvelle approche de lutte contre la pauvreté s'impose. Les données de l'enquête sur les revenus et les niveaux de vie des ménages ont permis d'appréhender la dynamique de la pauvreté et de définir les facteurs à l'origine des changements observés entre 1985 et 2007. Les résultats suggèrent que la réduction durable et appuyée de la pauvreté monétaire des ménages, dans ses différentes formes, requiert le maintien des taux de croissance soutenus et le renforcement des mécanismes de l'équité sociale via notamment la réduction de l'effet adverse de l'inégalité sur la répartition des revenus. En réduisant les charges familiales, en accroissant le capital scolaire des ménages, en créant de l'emploi, en améliorant l'insertion des personnes qualifiées, de nouvelles opportunités s'ouvrent aux ménages et appuient leurs chances de sortie de la pauvreté.