La méthode de la gestion déléguée est de plus en plus contestée. Mercredi à Tanger, lors d'une journée d'étude consacrée à ce sujet, des élus communaux de la ville ont fermement contesté la gestion déléguée de la collecte des déchets solides de la ville. Le ton monte entre les élus de la ville de Tanger et la société espagnole concessionnaire «CESPA-Nadafa ». Motif de la grogne : non-respect du cahier des charges par la société concessionnaire et la multiplication des dysfonctionnements dans ses prestations qui, selon les termes des élus rapportés par l'agence MAP, ont sérieusement affecté la propreté de la ville. À ce stade, le quiproquo dépasse le simple reproche. Certains élus ont même soulevé l'éventualité d'engager les procédures légales pour la résiliation du contrat de gestion déléguée avec la société espagnole. Pour rappel, le contrat de gestion déléguée, conclu en 2001, a conféré à la société CESPA-Nadafa la gestion du service de la collecte des déchets solides et du nettoiement dans les arrondissements urbains de la ville. Mais les choses ont mal tourné dès le début de l'opération lorsqu'un conflit a surgi entre la société espagnole et les ouvriers municipaux qui ont été intégrés sous sa direction. Un conflit qui a provoqué occasionnellement une série de grèves qui ont sérieusement impacté la propreté de la ville. Aujourd'hui, le litige entre les élus communaux et la société prend des proportions inquiétantes. Ces derniers n'ont pas hésité à fustiger les nombreux dysfonctionnements des services de la société concessionnaire qui «ont sérieusement écorné la réputation touristique de la ville». Mais le plus intéressant dans cette affaire est sans soute la position des autorités locales. Lors de cette journée, le wali de la région Tanger-Tétouan, Mohamed Halab s'est joint aux élus en expliquant que l'opération de la gestion déléguée a souffert dès le début d'un «manque de rigueur», et qualifiant la conclusion du contrat de «hâtive» et le contenu ne reposant pas sur des «règles claires». Le responsable a pris le soin dans ce cadre de rappeler que les services de tutelle ont sollicité, en 2002, la tenue d'une Commission d'enquête de l'administration centrale pour identifier les raisons du faible rendement de la société concessionnaire. Les révélations faites à cet égard sont impressionnantes : les critères retenus pour faire une estimation du coût de l'assainissement solide dans la ville de Tanger ne correspondaient pas à la réalité. Chiffres à l'appui, le responsable explique que la base du contrat s'est appuyée sur une estimation de 700 g de déchets quotidiens par habitant, alors que la moyenne établie par plusieurs études au niveau national varie entre 1200 à 1400 g/jour. Avec un luxe de détails, le responsable à même citer l'exemple de la ville d'Oujda qui compte à peine 400.000 habitants et qui est dotée d'un budget assainissement solide de 50 millions de Dh. Alors que le même budget pour la ville de Tanger, qui abrite 650.000 habitants, ne dépasse pas les 35 millions de Dh. Des interrogations se posent cependant sur cette soudaine et tardive prise de conscience de la part des autorités du caractère inéquitable du contrat de gestion déléguée. Hasard de calendrier, l'effervescence qui règne actuellement à Tanger coïncide avec la prise de participation de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et RMA-Watanya de 41% du capital de Lydec, qui s'occupe, pour rappel, de l'assainissement liquide d'une partie de la ville de Casablanca. La principale conséquence de cette opération est que 41% du capital de la Lydec devient marocain. Le début également de la marocanisation du concept de la gestion déléguée ?