El Aynaoui est sorti samedi par la grande porte des Master Series de Madrid après sa défaite en demi-finale. Un exploit de plus dans la carrière de ce tennisman de 32 ans, grand champion, non seulement sur les courts de tennis, mais également sur le plan humain. La saison a été très chargée pour Younès El Aynaoui. Les belles prestations aux tournois de Grand Chelem et aux Masters Series se sont succédées. La dernière en date était à Madrid où le Marocain est arrivé au demi-finales avant de s'incliner à ce stade de la compétition devant le Chilien Nicolas Massu par deux sets 7-5 et 6-4. Auparavant, le numéro un du tennis national avait balayé le Suédois Jonas Bjorkman, au deuxième tour, l'Américain Robby Ginepri en huitième, et le Français Sébastien Grosjean en quart de finale. A Madrid, comme à Melbourne en janvier ou New York en septembre dernier, les deux Grand Chelem où il a particulièrement brillé cette année, le Marocain de 32 ans n'est pas passé inaperçu. Lors de l'Open d'Australie, il a beaucoup fait parler de lui après sa défaite contre l'Américain Andy Roddick, après un 20-18 lors d'un cinquième set hallucinant en quarts de finale. La bravoure démontrée par les deux joueurs dans ce duel si intense et prolongé que les qualités humaines ont fini par sauter aux yeux avec le même éclat que les coups de raquette, n'a laissé personne indifférent. Tout le monde, John Mc Enroe en tête, a alors salué la classe seigneuriale du Marocain au moment de la défaite. Quelques mois plus tard, Younès El Aynaoui a eu droit à l'hommage du public présent à Flushing Meadows. Après sa victoire en huitième de finale de l'US Open contre le Tchèque Jiri Novack, il est devenu le chouchou du public. L'arbitre même lui montrait une indulgence certaine, acceptant sans broncher des raquettes cassées comme si de tels gestes ne méritaient nullement un avertissement. Le Marocain a d'ailleurs eu les honneurs de la presse new-yorkaise. Le très sérieux New York Times lui a réservé, à plusieurs reprises, ses colonnes sportives, chantant les qualités de celui qui a «travaillé à la sueur de son front et mû par une âme de batailleur» pour «gravir les échelons» et atteindre le sommet du tennis mondial. Mais Younès El Aynaoui n'est pas uniquement une star qui brille sur la scène tennistique mondiale. C'est une star tout court. Le tennisman n'hésite pas à mettre son image à la disposition de toute cause défendable. En début de l'année 2003, le tennisman avait accepté de figurer sur l'affiche de la campagne de collecte de sang initiée par le CNTS. Il a également figuré sur un spot où on le voit faire don de son sang en faveur des personnes malades. Quelques mois plus tard, c'est pour la promotion d'un autre dossier qu'il s'est attelé, celui de la candidature nationale à l'organisation de la Coupe du monde 2010. «On veut, on peut», s'exprime-t-il dans le spot télévisé de cette campagne. Et Younès El Aynaoui est le mieux placé pour parler de volonté. Tout au long de sa carrière, il s'est battu contre une grave blessure à la cheville, des soucis d'argents et des dettes de l'ordre de 30.000 dollars alors que ses finances étaient au plus bas et une chute à la 440ème rang au classement ATP. Mais Younès a su remonter la pente, car comme on dit, après avoir atteint le fond, on ne peut que remonter en surface. Ce qu'a réalisé Younès El Aynaoui n'est donc pas chose aisée et devrait être donné en exemple à beaucoup de jeunes sportifs, pour qu'ils puissent savoir ce qu'est la rage de vaincre, mais aussi, la rigueur, le sérieux, la discipline et le fair-play. Ce sont toutes ces qualités qui font les champions.