Viol collectif, immolation et mort. Voilà en gros ce qu'a subi une adolescente de Benguerir. Le 2 août dernier, cette jeune fille de 17 ans est décédée après s'être immolée suite à la libération de ses violeurs par la justice. Aujourd'hui, une pétition est mise en ligne pour que justice soit faite. La libération des huit hommes qui avaient violé la jeune Khadija tout en la filmant n'a pas été sans conséquences. Quelque temps après leur mise en liberté conditionnelle, ceux-ci ont menacé la jeune fille de rendre publique la vidéo de la scène de viol qui remonte à la fin de l'année dernière. Dans un geste de désespoir, elle a décidé de mettre fin à ses jours. Il est à souligner que le cas de Khadija est loin d'être isolé. Ce drame n'est, en effet, pas sans remettre à la surface la triste histoire de Amina El Filali, une autre adolescente qui a payé le prix d'une « légèreté » répressive de la part des autorités en 2012. «Elle avait 16 ans. Elle s'est suicidée en ingurgitant de la mort-au-rat. Violée à deux reprises et contrainte de se marier à son violeur, le seul chemin de salut qui lui restait a été de se donner la mort», rappelle Majda, l'initiatrice d'une pétition mise récemment en ligne sur le site avaaz.org dans l'espoir d'interpeller le ministère de la justice quant à ce genre d'affaires. A l'époque du drame d'Amina El Filali, la mobilisation née autour de cette affaire de viol aurait, selon la même source, redonné espoir quant à une éventuelle protection des femmes victimes de viol et de maltraitance. Or, la répétition de l'histoire laisse dire que ceci est loin d'être le cas. «Combien de nos violées doivent-elles encore se donner la mort pour que justice soit faite ? Combien de nos violées doivent-elles se traîner sur les chemins de la justice, dans le désespoir, sans soutien, et y laisser échouer leurs corps et vies pour nous interpeller ?», lit-on sur la pétition. Titrée «Au ministre de la justice et des libertés Mustapha Ramid: Que justice soit faite !», cette mobilisation sociale appelle à l'ouverture d'une enquête pour juger les coupables de ce crime, élucider l'affaire Khadija et surtout comprendre pour quelles raisons des violeurs bénéficieraient d'une liberté conditionnelle. A titre de rappel, les huit coupables en question avaient fait pression sur leur victime pour qu'elle retire sa plainte à leur encontre et abandonne toutes les poursuites judiciaires. L'autopsie suivant son acte d'immolation avait révélé qu'elle était enceinte.