La menace du réseau terroriste, soupçonné par le FBI de préparer une nouvelle série d'attentats, devient de plus en plus sérieuse après l'explosion du pétrolier français au Yémen et les attaques anti-américaines au Koweït. Deux incidents armés en deux jours, dont l'un attribué à Al Qaïda, ont touché les militaires américains stationnés au Koweït, ce pays considéré comme le plus proche allié des Etats-Unis dans la péninsule arabique. Le dernier accroc remonte à jeudi lorsque trois marines ont été blessés, dont un grièvement, par l'explosion d'un obus, lors de manœuvres. «Cela semble être un accident, rien de plus», a alors indiqué un responsable. Incident ou attentat ? La thèse d'une nouvelle menace terroriste a été sérieusement relancée cette semaine par les services de renseignements du FBI eux-mêmes, mais aussi à la suite d'une série d'incidents survenus dans la région moyen-orientale. Dimanche, l'explosion suspecte du pétrolier français Limburg près des côtes sud du Yémen. Mardi, l'attaque contre des soldats américains – dont un a été tué et un autre blessé – sur une île du Koweït, Faïlaka, à 20 km de la capitale. Les deux assaillants koweïtiens, Anas Al-Kandari et Jassem Al-Hajeri, qualifiés de «terroristes» par les uns et érigés en symboles de l'anti-américanisme par les autres, sont soupçonnés de liens avec Al Qaïda. Ils auraient appartenu à un groupe extrémiste proche du réseau. Le quotidien koweïtien Al-Qabas a pour sa part affirmé jeudi que le ministère de l'intérieur avait aussi déjoué «une attaque sur un bâtiment de plusieurs étages» et que l'enquête concernant l'attentat de mardi a «révélé un complot visant à mener une attaque terroriste plus violente», fomenté par un groupe lié aux deux assaillants. A l'extrémité sud de la péninsule, les experts français et yéménites, rejoints cette semaine par des Américains, continuaient pour leur part d'enquêter sur l'origine du sinistre qui a touché le Limburg dimanche dernier. Les trois équipes se sont rendues jeudi à bord du superpétrolier pour tenter d'établir l'origine de l'explosion qui a entraîné un important incendie et l'évacuation des membres de l'équipage, dont un a été retrouvé mort. Les autorités yéménites, qui récusaient jusqu'alors la thèse de l'attentat malgré le témoignage des membres de l'équipage et de l'armateur du bateau, n'excluaient plus jeudi la possibilité d'un acte terroriste. « Il pourrait s'agir d'un acte arrangé et délibéré, préparé de façon méticuleuse. De ce fait, nous avons intensifié notre recherche d'indices», a déclaré un responsable sous couvert de l'anonymat. Parallèlement, le journal Asharq al-Awsat a annoncé qu'il avait reçu un communiqué de l'Armée islamique Aden-Abyan, un groupe fondamentaliste yéménite, revendiquant l'explosion. Le groupe d'assurances maritime Lloyds indiquait quant à lui dans un rapport que des clichés semblaient accréditer la thèse d'un attentat. «L'emplacement du trou sur la ligne de flottaison et l'absence de dommages notables dus à l'explosion sur le pont du navire accréditent aussi la thèse d'une bombe» qui aurait été transportée sur une «baraque suicide». Même procédé que celui utilisé par Al-Qaïda lorsque le réseau s'en était pris à l'USS Cole, le navire de guerre américain touché dans le port d'Aden le 12 octobre 2000. Dix-sept soldats américains avaient alors trouvé la mort. Le mois dernier, la marine américaine avait déjà lancé une mise en garde sur la possibilité d'attentats préparés par Al-Qaïda contre des pétroliers dans le Golfe et la mer Rouge. Cette semaine, le FBI a aussi renouvelé ses mis en garde à la Maison blanche au vu de différentes déclarations publiques de membres du réseau, mais aussi de celles de prisonniers d'Al-Qaïda. Insaisissable, la nébuleuse créée par le milliardaire saoudien continue donc d'alimenter de semer la terreur, le doute et la frénésie sécuritaire partout dans le monde.