Soupçonnée d'être derrière les derniers attentats survenus au Koweït, au Yémen et en Asie du Sud-est, Al-Qaïda continue de représenter une menace malgré les diverses arrestations et inculpations. Mardi, le réseau d'Oussama Ben Laden est réapparu aux devants de l'actualité avec l'ouverture du procès concernant l'un des éléments de sa cellule dormante en Allemagne, Mounir El Motassadek. Le Marocain est le premier complice présumé des kamikazes du 11 septembre jugés dans le monde, alors que d'autres, comme le Franco-marocain Zakarias Moussaoui, toujours détenu aux Etats-Unis, attendent encore leur tour. Mardi, au tribunal d'Hambourg (Nord), Motassadek a affirmé avoir « ignoré que des attentats étaient en préparation ». Il est accusé d'avoir fait partie de cette fameuse cellule allemande, base arrière des attaques, tout comme Mohammed Atta, le leader des kamikazes, mais aussi le Yéménite Al-Shaïba (récemment arrêté au Pakistan), et les Marocains Essabar (en fuite) et Mzoudi (arrêté ce mois d'octobre). A ce réseau allemand, il faut évidemment ajouter d'autres cellules implantées en Europe du nord, mais aussi celle découverte la semaine dernière en Italie et en France. Ce démantèlement a encore une fois révélé l'immensité de la mystérieuse nébuleuse qui, par le biais des médias, continue de narguer les Etats-Unis et leurs alliés. La menace est tellement prise au sérieux que chaque attentat devient l'œuvre d'Al-Qaïda ou d'une de ses tentacules locales. Il ne fait d'ailleurs plus de doute aujourd'hui que l'explosion du 6 octobre dernier contre le pétrolier français Limburg, au large du Yémen, ait été un «acte terroriste». Ses auteurs auraient utilisé une embarcation suicide, «signature» d'Al-Qaïda qui avait utilisé le même procédé contre le navire américain USS Cole, dans la même zone, deux ans plus tôt. Les troupes du Pentagone ont elles-mêmes était la cible de plusieurs attaques au Koweït entre le 8 et le 15 octobre dernier. La première, qui a entraîné la mort d'un soldat américain, a été aussitôt attribuée à Al-Qaïda. Les deux assaillants koweïtiens étaient en effet membres d'un groupe extrémiste « proche» du réseau. Le 12 octobre, est venu le drame de l'île touristique de Bali, cible d'un triple attentat coordonné et dont le dernier bilan est d'au moins 187 morts, en majorité des Australiens et Britanniques. Soupçonné d'être derrière cette attaque et d'autres encore, Abu Bakar Bachir - le leader du groupe local Jemaah Islamiyah – a été placé en détention formelle ce week-end par les autorités indonésiennes. Il a été mis en cause dans une série d'attentats par un Koweïtien arrêté par Jakarta en juin et présenté comme un haut responsable d'Al-Qaïda dans la région, Omar al-Farouk. Cinq jours après Bali, dans l'archipel voisin des Philippines, deux bombes ont explosé dans un centre commercial de la ville de Zamboanga, à l'extrême sud du pays : sept morts et des dizaines de blessés. Là aussi, les soupçons de Manille se sont tournés vers un des nombreux groupes islamistes qui pullulent dans la région, Abu Sayyaf, spécialisé dans les attaques armées et les prises d'otages étrangers. Ce mouvement, comme la JI ou encore le Front Moro, sont tous en contact, selon Washington, avec le réseau d'Oussama Ben Laden, grâce à « des liens assez discrets pour être difficilement repérables ». A défaut de preuves, les enquêteurs et agents de sécurité continuent donc de traquer et de surveiller. Le monde, lui, se demande où va tomber la prochaine bombe.