Située à quelques kilomètres de Casablanca, la ville de Sidi Rahal connaît une «anarchie» totale. Aucun système de garde n'est mis en place. Toutes les pharmacies peuvent ouvrir et fermer selon leur désir. Dans les petites villes comme dans les provinces et bourgades, les habitants peinent à trouver certaines pharmacies ouvertes 24h/24. Un soir de semaine ou un jour férié, il arrive souvent qu'une personne tombe malade et a besoin d'un médicament en urgence. Or le système de garde est loin d'être appliqué à la lettre par certaines officines. Une anarchie qui nous pousse à s'interroger sur les modalités d'organisation engagées par les pharmacies de ces régions, notamment en termes de garde durant la semaine. Que stipule le texte de loi qui régit le système de garde des officines ? Ce dispositif juridique est-il respecté par les praticiens ? Décryptage de ce phénomène de société. Garde : Les modalités Selon le Conseil régional des pharmaciens d'officine du nord, établi à Casablanca, la sélection de la pharmacie de garde découle d'une réunion établie par le syndicat. Le comité choisit, par concertation, la pharmacie qui va faire la garde, ensuite le choix est envoyé au Conseil régional des pharmaciens d'officine, pour être validé ou non. Après validation, la liste est envoyée à la préfecture, pour qu'elle soit au courant et qu'elle puisse veiller au respect de l'article 111 de la loi 1704. Celle-ci stipule : «Le pharmacien d'officine est tenu, sous peine de sanctions disciplinaires, de respecter les horaires d'ouverture et de fermeture des officines de pharmacies au public ainsi que les modalités selon lesquelles doit être assuré le service de garde». Comme c'est le cas pour la ville d'Oujda. Selon un pharmacien de la région, le syndicat des pharmaciens a décidé de mettre le système de la garde en place en 2003. Et depuis il est resté inchangé. Les horaires et tableaux de gardes ont été fixés par la wilaya. Une rotation est effectuée selon ce tableau. «Lors de cette rotation, un pharmacien est désigné pour rester ouvert durant 24 heures et ce, durant toute une semaine et ainsi de suite jusqu'à la fin du tableau», nous explique le praticien. Et de préciser que «pour les nouveaux venus, ils doivent obtenir un accord de la part du Conseil régional des pharmaciens d'officine, qu'ils soumettent ensuite à la wilaya pour qu'ils soient intégrés au tableau». Notons que lors du non-respect de ce règlement, le wali est en droit de sanctionner la pharmacie. Il y a bien sûr quelques exceptions, comme c'est le cas pour Sidi Rahal. Située à quelques kilomètres de Casablanca, cette ville connaît une «anarchie» totale. Aucun système de garde n'est mis en place. Toutes les pharmacies peuvent ouvrir et fermer selon leur désir. N'ayant pas pu joindre de docteurs en pharmacie, mais seulement les employés, nous ne savons pas qui gère les officines à Sidi Rahal. «Dans certaines villes, le syndicat des pharmaciens n'existe même pas. On peut seulement apercevoir quelques regroupements de praticiens. Il y a aussi des cas plus spécifiques, comme à Ifrane, oû un syndicat existe, mais ils ne sont pas arrivés à un accord», apprend-on de notre interlocuteur. Ce désaccord entre pharmaciens vient du fait qu'il y a récemment eu un changement au niveau du Conseil régional des pharmaciens d'officine du Nord, ce qui fait que l'ancien tableau de garde n'est plus en vigueur. Bien que le nombre de pharmacies à Ifrane soit limité, ce manque de réglementation au niveau des pharmacies de garde génère beaucoup de tension au niveau du syndicat, comme nous l'a souligné le président du syndicat des pharmaciens d'Ifrane. Il nous a confié que cette affaire le frustre beaucoup. Toujours selon notre source, bien qu'il y ait eu plainte au niveau du Conseil et l'envoi d'un arrêté, la situation ne s'est toujours pas arrangée.