Abderrahmane Youssoufi et Ahmed Osman se rencontrent à Rabat et décident de passer à une vitesse supérieure. Leur message constitue une mise en garde contre les ambitions d'Abbas El Fassi. L'Union socialiste des forces populaires et le Rassemblement national des indépendants viennent d'adresser un message à qui de droit. Une flèche qui n'a pas à manquer sa cible, puisqu dans le collimateur, il y a le parti de l'Istiqlal et son secrétaire général, qui n'a pas cessé depuis le début de la campagne électorale de se présenter en tant que futur chevalier de la prochaine primature. En multipliant les déclarations et en faisant l'éloge de sa propre personne, le secrétaire général du Parti de l'Istiqlal s'est comporté comme un amateur qui court plus que la musique et qui plus il court, plus il s'éloigne de son but. En faisant ses clins d'œil envers les islamistes du Parti de la justice et du développement, Abbas El Fassi s'est placé pratiquement en dehors de tout rapprochement avec le parti d'Abderrahmane Youssoufi. Ce dernier a d'ailleurs conclu samedi dernier un contrat moral avec le Président du Rassemblement national des indépendants, Ahmed Osman. Dans une déclaration commune, les deux parties ont «enregistré avec une grande fierté la maturité et la vigilance du peuple marocain à l'occasion des élections législatives, en renouvelant sa confiance en les partis qui ont conduit le gouvernement de l'alternance». Une manière de se distancier des critiques avancées par l'Istiqlal et un message à ce dernier lui indiquant la ligne d'orientation à suivre. Car en dehors du RNI ( 41 sièges) et de l'USFP ( 50 sièges), il n'y a pas de gouvernement possible. Les contacts de M. El Fassi avec les autres partis de la droite pour former un gouvernement sous sa conduite sont condamnés à l'échec et ce, surtout que les déclarations des dirigeants du MNP et du MP laissent entendre qu'ils sont prédisposés à gouverner. Ces deux partis disposent de 45 sièges dans la Chambre des représentants. En dehors du PJD et de certaines formations de la droite anti-socialiste, particulièrement l'Union constitutionnelle ( UC), qui dispose de 16 députés, le Parti national démocratique avec ses 12 élus, et le Mouvement démocratique et social ( MDS) détenant 7 sièges, l'USFP et le RNI peuvent compter sur l'appui de la gauche modérée. L'Alliance socialiste ( PPS-PSD) avec Al Ahd ont 22 députés, le Front des forces démocratique dispose de 12 sièges et la Gauche socialiste unifiée, qui pourrait soutenir cette coalition, dispose de trois députés. Bref, plusieurs indices plaident en faveur de la reconduction de l'USFP à la primature. Une thèse non fortuite défendue par Ahmed Osman et Abderrahmane Youssoufi, sans ambages, dans les termes : «Convaincus de la réussite de la coalition qui les a unis aux côtés des forces nationales et démocratiques au sein des institutions législatives et exécutives, les deux partis confirment leur volonté de poursuivre l'action commune au service de l'intérêt supérieur de la nation ». La balle est donc dans le camp de l'Istiqlal, puisqu'il fait partie des «forces nationales» qui ont entamé «l'action commune» au sein des appareils législatifs et exécutifs, encore faut-il que ce parti modère ses ambitions.