L'arrestation ce week-end de l'ancien P-DG de la Banque Populaire, Abdellatif Laraki, ainsi que d'autres cadres de cette banque, a fait l'effet d'une bombe dans les milieux d'affaires nationaux. Les rumeurs les plus folles circulent sur l'arrestation imminente de dizaines de personnes dont les noms ont été cités dans le rapport d'enquête sur l'affaire du CIH. L'arrestation ce week-end de l'ancien P-DG de la Banque Populaire, Abdellatif Laraki, ainsi que d'autres cadres de cette banque, a fait l'effet d'une bombe dans les milieux d'affaires nationaux. Les rumeurs les plus folles circulent sur l'arrestation imminente de dizaines de personnes dont les noms ont été cités dans le rapport d'enquête sur l'affaire du CIH. D'autres dossiers touchant de grandes institutions nationales, telle la CNSS, devront rapidement aboutir devant la justice. Ainsi, au lendemain des élections législatives, le «front des affaires » connaît une accélération notable, répondant à une forte demande populaire de justice. Bien entendu, tout ce qui est susceptible de faciliter le cours normal de la justice et la dissuasion des infractions et délits de toutes sortes rencontre un écho favorable dans l'opinion publique, légitimement traumatisée par l'ampleur des scandales qui ont touché les entreprises et les institutions concernées par ces affaires. Néanmoins, le traitement qui est réservé aux mis en cause dans ces affaires appelle un certain nombre de remarques et suscite des réserves dans la mesure où il déclenche toute une série de conséquences dont les retombées ne sont généralement pas estimées à leur juste valeur. La nature même de la juridiction devant laquelle sont traduits ces hauts cadres pose problème. Nombre d'observateurs jugent sur-dimentionnée la traduction des mis en cause devant une juridiction spéciale, là où le droit commun pouvait largement suffire. Puis, on se demande si toutes les formes de règlement des litiges et contentieux avaient été explorées avant d'arriver au pire, à savoir l'incarcération des prévenus. D'autant plus que l'on ne devrait pas niveler toutes les responsabilités et leur faire un sort identique. Une hiérarchisation dans le traitement s'impose et les droits des gens doivent être scrupuleusement respectés. Parce que les dommages portés à des familles entières lorsque leur nom est jeté en pâture à la vindicte publique et au lynchage médiatique sont parfois incommensurables et leurs traces demeurent indélébiles. Par ailleurs, ces questions touchent un milieu sensible et très délicat, celui des milieux d'affaires et de la finance. Certes, personne n'est au-dessus des lois. Il est vrai aussi que les hommes et les femmes qui font partie de ces milieux sont souvent demandeurs de proximité en matière de justice et de réparation. Mais les amalgames, les erreurs de jugement, les fautes d'appréciation et les effets d'annonce ont des effets néfastes sur l'investissement et sur les milieux d'affaires en général. La justice se doit aussi d'être consciente des conséquences de ses actes. C'est en cela qu'elle peut être une justice citoyenne. De la même manière qu'on demande à l'entreprise d'être citoyenne.