Les mesures de sauvegarde sur les importations de papier en bobine et en rame mises en place récemment par le ministère de l'industrie ne sont pas du goût des membres de l'Association marocaine des importateurs, transformateurs et distributeurs de papier et carton (ADPAC) ainsi que ceux de l'Association professionnelle marocaine des imprimeurs (APMI). «Nous ne cherchons pas à casser la société nationale Med Paper, mais notre but est de rendre l'industrie nationale plus forte», a déclaré Said Nejjar, président de l'APMI, lors d'un point de presse organisé jeudi dernier au siège de la CGEM à Casablanca. «Nous nous trouvons devant une situation très difficile parce que l'application des mesures de sauvegarde induira automatiquement une hausse des prix de nos produits, ce qui va ouvrir la porte aux produits finis importés qui, eux, ne sont paradoxalement pas taxés», rajoute-t-il. Pour les importateurs, le département de l'industrie doit tenir compte de facteurs autres que ceux invoqués par Med Paper, et qui justifient, en réalité, l'accroissement des importations. «Si Med Paper éprouve de graves difficultés, c'est parce que ses positionnements produits et ses choix stratégiques de développement n'ont pas été les bons», souligne un membre de l'ADPAC. Pour lui, «le manque de compétitivité et d'attractivité du papier de Med Paper est la conséquence de son inaction par un manque d'investissement et de prise de mesures pour se préparer à une concurrence prévisible du fait du démantèlement tarifaire, et de la rationalisation des coûts chez ses concurrents». Rappelons que pour les quatre prochaines années, les importateurs de papier au Maroc devront payer une taxe additionnelle. La mesure sera dégressive avec l'application d'un droit de 25% dès cette année. Ce droit passera à 22,5% le 1er janvier 2017, puis à 20% (1er janvier 2018), 17,5% (1er janvier 2019) et 15% (1er janvier 2020). Cette mesure a été prise après l'ouverture d'une enquête sur requête de Med Paper auprès du ministère délégué chargé du commerce extérieur. Pour les professionnels du papier et du carton ainsi que des imprimeurs, ces mesures ne régleront pas les problèmes de Med Paper. Les importations ne sont pas la cause des mauvais résultats de l'entreprise marocaine de fabrication du papier. «Si Med Paper a un problème, elle doit le résoudre en interne et non pas attaquer tout un secteur», martèle un membre de l'ADPAC. «Les opérateurs du papier et carton ne baisseront pas les bras et continueront à se battre par voie de négociations et discussions auprès du ministère de l'industrie», conclut le président de l'association des imprimeurs.